En parcourant Joueb.com, j’aperçois un bandeau publicitaire nous encourageant à faire un don pour porter secours aux pays de l’Asie touchés par le tsunami. J’avoue encore résister à cet appel au bon cœur, à cette sidérale messe mondiale de la bonne volonté. Je résiste car, sans remettre en cause la réalité de cette catastrophe effroyable, je me sens pris au piège de la puissance des médias qui font de nous des spectateurs passifs de l’actualité.

Pourquoi faut-il donner pour cette catastrophe-ci, et non pas pour les réfugiés du Darfour qui meurent par milliers ? Pourquoi ces disparus nous touchent davantage que ceux qui meurent tous les jours du Sida en Afrique ? Pourquoi des associations viennent installer des pompes à eau dans ces zones sinistrées tandis que dans notre plus grand département français, la Guyane, des villages attendent toujours l’eau potable ?

En réalité, nous nous sommes tous imaginés à la place des touristes emportés par les flots alors que quelques secondes auparavant ils bronzaient au paradis.

Nous eûmes droits, ces dernières semaines, à toutes les images de la tragédie. Quand elles  faisaient défaut, des journalistes inspirés nous en fabriquaient pour conserver le rythme de l’émotion. On nous racontait, par exemple, que les cadavres allaient provoquer des épidémies. Savez-vous que c’est totalement faux ? C’est un mythe, notamment bien relayé par notre ministre de la santé venu faire de la figuration pour les caméras arrivées du monde entier.

Des milliers de gens inutiles, sous couvert d’humanitaire, se sont bousculés dans les aéroports pour se rendre sur les lieux. C’est ainsi que nous avons pu assister au spectacle surréaliste de quelques scientologues américains, affublés d’un maillot jaune cocu, appliquer leur science de pacotille à quelques blessés. Au bout du compte, ils ne réussirent qu’à nettoyer une tortue qu’ils rejetèrent au large devant les flashs de leur équipe de presse.

A l’heure qu’il est, les meilleurs spécialistes vous le diront, l'argent n'est plus le nerf de la guerre. Certains Etats touchés sont particulièrement développés et refusent toute aide extérieure, comme l’Inde. Plutôt que d’entasser des stocks d’aides en tout genre dans des hangars, il faut plutôt tendre l’oreille aux véritables victimes, comme les pêcheurs, et appréhender leurs réels besoins. Voici l’adresse d’un site internet proposant un véritable projet de reconstruction.

Comme toujours, la palme de l’hypocrisie revient au gouvernement américain, dont la responsable de la diplomatie Condoleeza Rice est l’écho. Celle-ci vient d’affirmer que les millions de dollars débloqués par Washington sont une opportunité pour se blanchir de la guerre en Irak.

Au même moment, ce même gouvernement favorise la baisse du dollar pour protéger son unique économie et surtout obtient un accord de l’OMC sur la fin du médicament générique.