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Samedi (22/10/05)
Notion de tragédie
--> par Michel Onfray
L’étymologie de tragédie suppose que l’on sacrifie le bouc. Cela renvoie au théâtre grec qui suppose la purification, la catharsis.
Il y a, dans le temple de Delphes, un oratoire consacré à Esculape, le dieu de la médecine, où on pratique une médecine extraordinaire. On sacrifie des animaux, les fameux boucs, et d’autres animaux aussi. On dépèce ces animaux. On met les peaux dans des pièces et les gens, qui viennent pour se faire soigner, dorment dans ces pièces sur les peaux des animaux sacrifiés. Il y a des cérémonies bachiques. On chante, on crie. Il y a du thermalisme, d’une certaine manière. Et puis, il y a du théâtre. Il y a une fonction thérapeutique au théâtre. Tragédie et comédie. On a des affects. Il faut s’en purifier avec de la tragédie, c'est-à-dire qu’il s’agit de jouer quelque chose qui sera douloureux, donc du crime, de l’inceste, du parricide, tout ce qu’on trouve chez les tragédiens, Eschyle, Sophocle, Euripide.

la catharsis, donc la purification, permet la terreur et la pitié, souligne Aristote. Quand vous avez joué de terreur et de pitié, que vous avez fait de la tragédie l’occasion d’une purification, une catharsis de vous-même, alors vous recouvrez la santé.

Le théâtre, c’est l’occasion de scénographier des corps, mais aussi de décrire des passions, des pulsions. Quand on les aura vécues, sur le mode de la mise à distance, de la scène, on pourra s’en préserver. On pourra s’en dispenser de les vivre au quotidien. C’était vaguement la pensée grecque sur ce sujet.
L’expression « c’est tragique ! » que l’on utilise aujourd’hui vient du théâtre grec.

Qu’est-ce que le tragique ?
C’est ce qui se trouve à égale distance de l’optimisme et du pessimisme. L’optimiste voit le meilleur partout et le pessimiste voit le pire partout. C’est le fameux verre, à moitié plein ou à moitié vide. Cela dépend si c’est de l’huile de ricin ou un château Yquem . Votre verre, à demi rempli, est à demi plein ou à demi vide. On est dans une subjectivité absolue. Le tragique, c’est celui qui n’est, ni optimiste, ni pessimiste, mais voit le réel comme il est. C’est la définition que j’en donnerais. Un grand philosophe d’aujourd’hui, Clément Rosset, aborde cette question du tragique, sans que je défende les mêmes options sur le sujet. Le tragique, c’est celui qui tache de congédier, de conjurer les arrières mondes. C’est celui qui voit la mort, qui voit la douleur, l’entropie, la négativité, la souffrance.

Le philosophe tragique, c’est celui qui dit : «Tout cela est vrai, mais tout cela est faux.».

Le réel est tragique parce qu’il y a de l’inscription dans le temps, parce que nous sommes dans le temps, et que cela suppose, ce qu’en thermodynamique, on appelle de l’entropie, c'est-à-dire de l’usure, à force de fonctionner.
Un fonctionnement induit une usure, puis une disparition. C’est l’entropie.
Cela nous concerne aussi. Nous sommes marqués par l’entropie. Nous vivons, et vivre, c’est un peu mourir chaque jour, tout le temps. Et nous allons vers cette mort-là. Le tragique, c’est celui qui voit cela. Il dit :«Le réel est marqué par l’entropie. Il est marqué par la négativité. Il est marqué par la souffrance. »
Mais il ajoute : «Il n’y a pas que cela. Le monde ne se réduit pas à cela. Il y a d’autres choses aussi, dans le réel.»
Il s’agit de composer avec cela. Le tragique tache de voir le réel en face, et accepte de voir que la mort est là. On ne va quand même pas s’exciter là dessus et passer sa vie sur la mort.



Je pense que Montaigne est un philosophe tragique, il propose une sagesse tragique. Le tragique dit : « Puisque nous allons mourir, il faut l’accepter, ne pas pratiquer le déni, ne pas dire que la mort, n’est pas la mort, ou que la mort est autre chose que la mort. La mort existe. C’est la fin, la disparition, l’abolition de tout ce qui est vivant. Alors, à partir de ce soubassement, il s’agit de fabriquer une philosophie qui nous permettra de vivre en attendant.»

Cette philosophie qui permet de vivre «en attendant» est soit le démonisme ou soit l’hédonisme. Le démonisme permet d’identifier le souverain bien au bonheur alors que l’hédonisme identifie le souverain bien au plaisir.
Plaisir et bonheur ne sont pas exactement la même chose. Cela entretient une parenté. l’hédonisme est un eudémonisme plus violent. L’eudémonisme serait un hédonisme plus doux. Seule une philosophie tragique rend possible l’émergence de l’hédonisme ou de l’eudémonisme.

Ces sagesses sont d’actualité. Bouddha procède comme cela. Quand on l’a confiné dans son espace et qu’il en sort un jour, il découvre de la douleur, de la souffrance, de la misère, de la vieillesse. Il se demande : «C’est cela la vie ? Ce n’est pas possible ! »
Pour vivre avec sagesse dans cette négativité, il va fabriquer la philosophie bouddhique que nous connaissons, c'est-à-dire la libération des désirs, des pulsions, des passions, l’espèce de purification de soi pour se défaire de ce qui est soumis à l’entropie pour pouvoir viser une espèce de réunion du principe lumineux en nous avec la planète entière, qui permet le nirvana, la jouissance de la déprise de soi-même.

Cette philosophie tragique me semble être le contraire de l’optimisme des Chrétiens ou des religions quelles qu’elles soient. Les religieux sont des optimistes. Ils considèrent que qu’il y aurait une écriture de l’Histoire. Ce qu’on appelle la téléologie.
Cela me semble une philosophie à courte vue, tout comme me semblent à courtes vues, les pensées de Cioran, de Schopenhauer ou de quelques autres qui sont dans la négativité pure, et qui considèrent, à la mode gnostique, car Cioran est un gnostique, qu’il y aurait, dans ce réel, rien à attendre, parce que le monde serait la création d’un mauvais démiurge. Il n’y a donc rien à faire dans un univers dominé par le mal.

Ni optimiste, ni pessimiste, ni des gnoses de l’entropies, ni des eschatologies, des philosophies de la fin pour nous conduire vers des paradis supposé, mais une philosophie tragique.

Nietzsche est un tragique. Les stoïciens sont des tragiques. Montaigne est un tragique. Spinoza aussi. Autant d’individus qui nous disent : «Adhérer à la nécessité.»

Extrait d'un cours à l'université populaire de Caen
Ecrit par Raskolnikov, a 13:05 dans la rubrique "Philosophie".
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Samedi (17/09/05)
Montaigne tient son blog
Michel de Montaigne donne à ses Essais la définition suivante : Un éphéméride de la quête de soi.
A la marge d’une vie de néo-aristocrate, il décide de se mettre à l’ombre dans la tour du château où vit sa famille. Il se met à dicter des textes en direction d’un serviteur attablé la plume à la main. Il n’aime pas plus que cela lire, et encore moins écrire. Par contre il veut faire un livre avec sa vie qu’il considère plus importante que les ouvrages savants qui trônent dans sa bibliothèque. Son Je et son Moi vont être les liants qui l’amèneront vers l’universel.


Et si Montaigne, par un miracle de génération, revenait sur terre dans notre actuelle époque?
Je l’imagine devant un ordinateur, créant son blog sur Joueb.com. Le titre pourrait être :
Sans gloire ni réputation.

Car Montaigne, à l’abri du besoin, n’avait pas d’autre ambition que de livrer simplement ses pensées sans chercher la théorie ou la description scientifique.

Je ne peins pas l’être, je peins le passage. Je n’enseigne point, je raconte.


Et plus de quatre siècles après sa mort (1533–1592), ses écrits sont à la première place des études universitaires. Des hommes et des femmes continuent d’y puiser de la sagesse, de la philosophie, du bonheur. Son humanité est un filon inépuisable.

La mort prématurée de la Boétie va être un tournant dans son existence. Il vient de perdre un frère. Les Essais peuvent être considérées comme la poursuite du dialogue ente les deux amis. Un moyen original de construire sa liberté et d’extraire de soi toute la morve des regrets. Il insiste d’abord sur la vie qui nous appartient. Elle doit nous appartenir. Il ne faut pas la laisser entre les mains du premier bonimenteur venu. Il faut faire « le commerce des hommes intelligents et des belles et honnêtes femmes ».

Dans quatre cent ans, un blogueur d’aujourd’hui sera-t-il lu avec la même conviction que nous lisons aujourd’hui Montaigne ? La profusion des moyens de communication n’éparpille pas à tout jamais dans l’infini néant toute originalité au profit de la pensée dominante ?
Ecrit par Raskolnikov, a 13:06 dans la rubrique "Philosophie".
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Mercredi (31/08/05)
Le Guillebaud nouveau est arrivé
Il n’y a pas que le beaujolais nouveau qui retient mon attention lorsque, à grands renforts de publicité, on annonce sa sortie des caves pour le zinc des bistrots. Il peut y avoir aussi un livre, celui d’un journaliste, un grand témoin de son temps, dont les analyses perfides et réfléchies constituent un rafraîchissement pour le citoyen moyen que je suis.
A chaque nouveau livre de Jean-Claude Guillebaud, je bondis de ma chaise pour courir en direction de la première bonne librairie afin d’en faire l’acquisition. Je ne me contente pas de le placer en évidence dans ma bibliothèque pour impressionner mes visiteurs sur ma promptitude à suivre l’actualité littéraire, je le lis avec passion, dans le métro, sur mon canapé et dans les toilettes. J’essaie d’y trouver quelques réflexions qui me permettront de mieux tenir debout dans ce monde vertigineux où il est de plus en plus facile de chanceler.
J’ai l’impression d’avancer avec clairvoyance à travers les lignes de ses ouvrages. Tout me paraît plus clair pour échapper aux raccourcis élémentaires de la pensée manichéenne.

Il faut lire La traversée du Monde, qui est un recueil de ses principaux textes de voyage. En suivant la route des croisades, ou en traînant dans les rues abandonnées d’Irkoutsk, le lecteur appréhende mieux les changements du monde. Nous sommes ici à mille lieux du sourire pathétique de Jean-pierre Pernaud quand il lit son prompteur.
La refondation du monde, La Tyrannie du plaisir, Le goût de l'avenir, ses principaux ouvrages seront des références dans les dizaines d’années qui viennent pour les chercheurs en quête d’analyse sur la période hystérique que nous sommes en train de vivre.

Cette semaine, il était l’invité des matins de France Culture.
Il vient présenter son dernier libre, la Force de conviction, dont la lecture est indispensable pour qui recherche un affranchissement des pièges de ce monde.
Laissons lui la parole sur quelques sujets d’actualité qui nous préoccupent.



Les croyances

Il y a une très belle expression de Cornelius Castoriadis dont l’idée est que la croyance est un pont que nous jetons sur l’abîme du monde. Par la croyance, nous jetons un pont sur la méconnaissance, l’indéchiffrable, l’inconnu. Une fois ce pont jeté, il y a deux façons de le traverser. On peut le traverser les mâchoires serrées et les yeux fermés, comme un char d’assaut., en refusant de voir qu’à droite et à gauche on côtoie l’abîme du doute. Autrement dit, on peut se dogmatiser pour se rassurer. C’est le fanatisme.
On peut avoir aussi l’héroïsme de traverser ce pont les yeux ouverts. J’ai fait le choix de cette conviction, mais je sais qu’elle est imparfaite. Et je sais qu’à droite et à gauche, il y a le doute.
Je suis capable d’être ferme dans mes convictions tout en étant ouvert et attentif à d’autres croyances. C’est cela la tolérance.

Contrairement à ce que l’on croit c’est lorsqu’une croyance a fait le choix d’être ferme qu’elle peut s’ouvrir aux autres, qu’elle peut-être tolérante. Les croyances faibles, les croyances incertaines engendrent le dogmatisme et le fanatisme. Ce ne sont pas les vieux musulmans qui fument leur narghilé au bord du Nil qui deviennent des terroristes, mais des gens qui ont rompu avec leur culture d’origine, qui sont habités par une sorte d’islam décomposé, qui sont fragiles dans leur croyance et qui s’accrochent à je ne sais quelle littéralité

Les hommes politiques

Les universités d’été de nos partis politiques : quel désastre ! Quel vide ! Quelle médiocrité ! Pas une idée. Pas une problématique concernant le monde nouveau qui est en train d’émerger. Je distribue ces cartes aussi bien à gauche et à droite. Une démocratie ne peut pas fonctionner comme cela en ayant remplacé les idées par des rivalités de personne.

L’économie libérale

Le MEDEF nous promet de réenchanter le monde. Je me méfie de ce verbe réenchanter. Car cela peut vouloir dire aussi convoquer les superstitions, les fétichismes, les idoles. Un monde enchanté c’est un monde prosterné devant les idoles, et dieu sait qu’en économie, il y en a des idoles. Les grandes idéologies du vingtième siècle nous ont appris que l’on réenchante le monde que dans la terreur.

Nous avons assisté durant ces dernières années à une dogmatisation de la pensée libérale, ce qui est en contradiction avec ses propres postulats. Le libéralisme doit être plutôt la libre discussion.
Cette dogmatisation du libéralisme, c’est la perte du libéralisme. L’une des utopies libérales est de dire qu’il est moins dangereux de défendre des intérets que des convictions. Ce n’est pas vrai.


Les médias

Les médias donnent l’impression de décrire le monde alors qu’en réalité ils ne font que colporter des croyances, mais des formes de croyances dégradées. Ce sont des engouements. Le politiquement médiatique change toutes les semaines pratiquement. C’est une forme reptilienne de la croyance mais qui est en même temps très violente. Ces engouements fragiles, assez peu réfléchis, versatiles, changeants, sont en même temps impérieux. Ce sont des injonctions. Vous vous faites engueulés si vous ne pensez pas comme cela. Le discours médiatique est à la fois très appauvri et très impérieux.. Donc c’est la pire des choses.
« L’univers médiatique c’est comme un ordinateur dont on vidangerait la mémoire tous les mâtins »a écrit Serge Daney.
On fait comme si tous les jours on redécouvrait le monde avec une sorte de naïveté candide. On n’a plus d’attachement, de fidélité, à une croyance, à une conviction. On est dans le sautillement vertigineux. S’il y a une désaffection tendancielle du public pour les médias en général, c’est en partie à cause de cela.
Ecrit par Raskolnikov, a 17:17 dans la rubrique "Philosophie".
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Mercredi (04/05/05)
Il faut combattre pour le vrai libéralisme
Propos de Jean-François Kahn lors de l’émission Travaux publics du 27/04.
Ce qui piège aujourd’hui le débat politique, c’est la mauvaise utilisation des mots.

Prenons le mot libéralisme.

On condamne le libéralisme : « Attention à L’Europe libérale », etc…

Mais si je fais un sondage pour savoir quel est le pourcentage des Français qui sont pour la nationalisation générale des biens de production, il sera très faible. Est-ce que vous êtes pour l’abolition de la concurrence ? Idem. Est-ce que vous êtes pour que l’état publie les livres, soit propriétaire des librairies et choisissent les écrivains à publier ? Idem.

La vérité, c’est qu’au sens réel du terme nous sommes tous libéraux. Il faut arrêter de se raconter des blagues.

Nous sommes pour la concurrence, l’accès au marché et la pluralité. Nous sommes tous des libéraux.

Et c’est parce que nous sommes libéraux que normalement nous devons tous ensemble lutter contre cette atteinte radicale au libéralisme qu' est le néolibéralisme.


Les libéraux se sont trompés parce qu’ils n’ont pas compris que l’état est nécessaire pour garantir la pluralité et l’indépendance du marché qu’ils préconisent.


Si vous allez chez Disneyland et que vous avez comme boisson le choix entre Coca-cola et Coca light. C’est un exemple du néolibéralisme et la négation du libéralisme. De même que surfer sur internet avec comme seuls outils informatiques ceux de Microsoft.


Quand vous pensez qu’aujourd’hui, le commerce est contrôlé à 80% par trois centrales d’achats, certaines même contrôlent la totalité d’une région au point que vous n’avez plus de rapport avec le consommateur. C’est le capital qui décide le rapport que vous devez avoir avec l’usager ou le consommateur.


Si on ne comprend pas que nous devons défendre aujourd’hui les vraies valeurs de pluralité, de concurrence, de liberté, de diversités culturelles contre l’ultracapitalisme qui les menace, qui les piétine, qui est en train de les nier, je crois que l’on ne comprend rien au débat essentiel de notre époque.


Il y a deux logiques dans le néolibéralisme. La première, c’est la reconstruction du communisme sur une base privatisée.
Un exemple : Si Hachette avait bouffé les éditions Vivendi ( mais heureusement que la commission de Bruxelles s’y est opposée ), nous aurions dans l’édition française 80% des livres scolaires, 70% des dictionnaires, 60% des livres et toute la distribution entre les mêmes mains.

La deuxième, c’est la reconstruction du système féodal avec des armées privées, des justices privées, des écoles privées… Tout est privatisé, du moment que l’empereur décide. Et l’empereur est américain.


Le problème de l’ultracapitalisme ( ou la loi de la jungle ) est qu’il provoque de tels excès de violence, de paupérisation, d’exploitation, qu’en vérité ce n’est pas acceptable. Pour être accepté, il faut donc l’imposer, et la dictature est nécessaire. Le plus bel exemple étant la Chine communiste.


Pourquoi aujourd’hui le pays ou l’ultracapitalisme marche le mieux est la Chine Communiste ? Parce que la Chine communiste est le pays qui a le meilleur appareil répressif pour pouvoir forcer les ouvriers à accepter cette exploitation maximum. C’est un paradoxe extraordinaire. Double paradoxe qui montre la faillite totale du communisme et faillite du néolibéralisme qui en vient à s’appuyer sur un système communiste.


Je me réclame d’un courant qui s’appelle le centrisme révolutionnaire.

Il y a eu des systèmes qui ont centralisé l’état donnant naissance à des révolutions pour recentraliser l’homme, avec sa foi, sa chair, etc..

De la même façon, nous avons aujourd’hui des systèmes qui centralisent le profit et le capital, il faudra également un processus révolutionnaire pour les ébranler et recentraliser l’homme.

Ce double refus est par définition centriste, mais c’est un centrisme révolutionnaire parce que je pense qu’il faut un processus populaire vaste pour combattre ces doubles systèmes de servitude.
Ecrit par Raskolnikov, a 16:57 dans la rubrique "Philosophie".
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Jeudi (28/04/05)
Notre époque a t-elle un équivalent dans l'Histoire, par Michel Onfray
Michel Onfray ne se contente pas d’exposer vers des auditeurs conquis ses exposés en matière de philosophie, il organise aussi des séances où les questions sont libres et le débat animé.

Voici la question d’un auditeur :

Vous nous avez dit que le IIième siècle était une époque hystérique, j’aimerais que vous nous disiez quel diagnostic vous faîtes à propos de la notre ?

Réponse de Michel Onfray :
Le même ! ( rires dans le public ).

C’est assez singulier de voir comment on passe d’une époque à une autre.

C’est le travail de l’historien qui la plupart du temps est l’occasion de découper les périodes. Il y a un historien qui s’appelle Daniel Milo qui a fait un travail extraordinaire sur la question de la périodisation de l’histoire. Il nous dit que l’on compte aujourd’hui après la naissance de JC dont la date n’est pas très précise. On nous dit que JC serait né trois ou quatre ans avant la date zéro. On a demandé à des astronomes a quoi ressemblait le ciel de l’époque pour essayer de répondre à la question de la date précise de JC. On n’aura jamais de réponse à cette question. Et Milo nous dit : « et si on comptait, non pas à partir de la naissance de JC, mais à partir de la Passion ! » On considère que c’est 33 après JC. Dans ce cas, tout est décalé. Il fait la démonstration que toutes les périodisations que l’on a pu faire ne tiennent pas la route.

Quand j’étais étudiant, on nous apprenait que la philosophie moderne c’était le dix-septième siècle. Pour un historien, le moderne, ce n’est pas la même période. On a des façons arbitraires de tailler l’histoire. C’est autant d’occasion de nous tromper sur ce que sont exactement les moments dans une histoire.

On sent bien que notre période ressemble étrangement à la fin du bas empire romain. Mais où et quand ? Est-ce que l’on est à l’équivalent du premier siècle avant JC, contemporains de Lucrèce et de Cicéron par exemple. Est-ce que l’on est contemporains du IIième siècle après JC, de cette hystérie gnostique, avec la fin d’un monde et le début d’un autre ?

On a aujourd’hui des gens qui sont des réactionnaires au sens étymologique. Ils veulent restaurer le passé. Et puis on a les progressistes. Et puis on a des gens qui sont attentistes, qui sont perdus, qui ne savent pas trop. Je crois que l’on est aujourd’hui dans une période qui ressemble singulièrement à la période de tuilage qui nous a permis de dire qu’il y a eu un monde qui s’est effondré, le monde antique, et un nouveau monde qui est arrivé, le monde chrétien.

Il faut être extrêmement prudent quand l’on fait de l’histoire, et non voir en termes apolliniens, (du genre je mets des abscisses et des ordonnées. Il faut plutôt envisager l’histoire en termes nietzschéens, en termes dionysiaques. L’histoire. C’est une espèce d’énergie permanente avec des superpositions, avec des vitalités, avec des efflorescences, avec, en prenant la métaphore de Darwin, des essais d’animaux qui tiennent le coup ou qui ne tiennent pas le coup, avec des adaptabilités. Ca passe ou çà casse. Penser en terme de rhizome, d’arborescence beaucoup plus qu’en terme de chronologie comme on le fait.

Pour la question spécifique de l’identité de notre période, à l’évidence, on ne se trompe pas beaucoup en disant que nous vivons la fin d’un monde On ignore a quoi ressemble le monde qui va advenir. Et cette hystérie du IIième siècle après JC, elle est visible parce qu’il y a un âge d’angoisses : on quitte quelque chose que l’on connaît pour aller vers quelques chose que l’on ne connaît pas. On sait ce qui avait eu lieu et on ne sait pas ce qui va avoir lieu. On voit bien que l’état-nation c’est fini, que la possibilité d’un chef d’état, c’est terminé. Qu’il faut penser aujourd’hui autrement. Qu’il y a un gouvernement planétaire qui s’annonce. Qu’il va falloir faire avec un libéralisme généralisé. Il n’y a pas de force d’opposition au libéralisme.

D’un seul coup, en très peu de temps, le temps que met une pensée à se fabriquer, après le 11 septembre, on découvre qu’une partie de l’islam déclare la guerre à l’Occident, et que l’on se retrouve avec des questions à gérer du genre le voile, le foulard, pour ou contre, qu’est qu’on en fait ? Les lieux de culte, est ce qu’on les finance ? Tous les débats qui sont ceux de la télévision et de la radio aujourd’hui. On n’arrête pas de poser la question de l’Islam.

Est-ce que la disparition du monde judéo-chrétien, qui est l’évidence, même s’il y a encore des imprégnations à l’eau bénite, mais cette disparition-là, elle va vers quoi ? Elle annonce quoi ? Et bien, on ne sait pas ! Pas plus que l’on ne le savait pas au IIième siècle après JC lorsqu’on voyait bien que le monde allait disparaître. Politiquement, ça foutait le camp de partout. L’empire était devenu impossible à gouverner. Et Constantin se dit qu’il y a quelque chose à faire avec le christianisme. Il va l’utiliser pour construire un nouvel empire.

Est-ce que l’on aura l’équivalent aujourd’hui planétaire, car certains ont aujourd’hui les moyens de parler à la planète entière ?

On peut imaginer que des figures du style de Constantin refabriqueraient du lien social planétaire. Les liens sociaux ne se fabriquent jamais avec de la raison, avec de la sagesse, de la philosophie ou de l’intelligence. Cela se fabrique avec de l’irrationnel, des craintes, de la peur et des angoisses. D’où la nécessité de lire et de relire Freud. C’est quelqu’un qui a démontré comment les civilisations étaient travaillées par les pulsions de vie et les pulsions de mort, comment il y avait des civilisations qui se détestaient.

La France se déteste aujourd’hui. On est dans une haine de soi manifeste. On ne s’aime pas. On n’aime pas ses écrivains, ses auteurs, ses poètes, ses cinéastes. On aime les autres. Quand on s’aime, c’est pour de mauvaises raisons. On est capable d’appréhender notre histoire uniquement sur le terrain de la négativité : la torture, la collaboration, le pétainisme, Vichy. On est passé d’une période gaullienne où il n’y avait que des Français résistants à une période où il n’y avait que des Français collabos. Il faut faire de l’histoire et cesser de faire de l’invective comme aujourd’hui.

Tous ceux qui pensent la question de la sortie de l’Antiquité et la question de l’entrée dans le Christianisme sont armés pour penser la question de la sortie de la vieille Europe continentale et l’entrée dans un monde planétaire comme celui vers lequel nous allons.

Ainsi, soit-il.
La salle ne rit plus mais applaudit longuement la longue prise de parole du philosophe.
Ecrit par Raskolnikov, a 17:56 dans la rubrique "Philosophie".
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Jeudi (17/03/05)
Sur Michel Onfray
Les transports en commun ont cette propriété d’obliger ses fidèles voyageurs à transformer ce temps perdu en un moment d’activité libre.
Elle peut-être une longue introspection sur les tourments du quotidien, une berceuse grâce à un casque audio par lequel sort de la musique téléchargée, ou plus prosaïquement un brin de lecture paisible.

Quand je lis un livre passionnant, je me hâte de trouver une place assise sur une banquette.
Depuis une semaine, je dévore le dernier livre de Michel Onfray, « Traité d’athéologie ».

Michel Onfray est la personnalité du moment. Il détonne dans le paysage intellectuel de notre pays à la forte culture universitaire. Docteur en philosophie, il a préféré aller enseigner pendant vingt ans dans un lycée technique. Son premier auditoire était constitué d’élèves jugés inaptes par un conseiller d’orientation pour les disciplines nobles. Il raconte aujourd’hui que ce fut une expérience majeure dans sa carrière de voir ses gamins déjà cassés par la société se laisser apprivoiser par les questions de l’existence.

Mais d’où lui vient ce goût non politiquement correct pour les gens exclus de la philosophie dont il continue la quête à travers l’Université populaire de Caen dont le succès dépasse le cadre de la Normandie?

Son père était un ouvrier agricole, et sa mère une simple femme de ménage. Ils n’étaient pas des gens du Verbe et de la parole. Uniquement des citoyens vertueux qui ont appris à leur fils le sens du travail bien fait, la morale de l’honnêteté, la politesse élémentaire.

Il chérit encore ses parents pour toutes ces richesses qui lui ont été transmises. Enfant, il s’était juré de ne jamais oublié l’endroit d’où il vient, et tous les défavorisés que la société met si facilement de côté.

L’idée de la mort fut à l’origine de sa curiosité pour la philosophie. Il décida très vite d’aller trouver des réponses à ses angoisses non pas dans les textes religieux en libre service mais dans les écrits des philosophes, d’Epicure à Nietzsche, que l’on réserve essentiellement aux seuls initiés.

Il ne souhaitait plus souffrir de la proximité de cette mort. Il va trouver la source d’un véritable apaisement dans la connaissance de l’hédonisme.

L’hédonisme, c’est prendre en main son existence pour réaliser ses rêves, vivre par soi-même, ne pas se projeter dans le temps. C’est une force libertaire qui recherche le bonheur pour le plus grand nombre. C’est le contraire des fables et des mythes utilisés par les trois monothéismes qui viennent nous dicter le sens de notre vie.

Michel Onfray s’engage comme le porte-parole d’un athéisme nouveau. Un athéisme humaniste qui fait face aux thèses des religieux de tous bords. Il veut nous libérer des influences judéo-chrétiennes fabriquées de toutes pièces par le « névrosé » Paul de Tarce.

Il dénonce la kyrielle des interdits qui transforment en pantins encore trop d’hommes sur cette terre. Il met en exergue cette pulsion de mort qui a parcouru toutes les époques depuis que les religieux nous abreuvent de leurs thèses.

Car en vérité, les religieux ont toujours construit leur salut sur le dos d’autrui.

Seul l’athée bâtit vertueusement un monde meilleur car il aime la vie comme personne, et veut continuer à jouir encore longtemps de ces petits moments de beautés que nous rencontrons au travers un regard, un rai de lumière, l’amour du prochain.

L'amour du prochain est un concept qui existait bien avant le christianisme.

Les religions ne nous servent qu’à nous détourner de la réalité, à faire reporter sur un hypothétique au-delà la construction d’un monde meilleur, à confier à un clergé le sens de la moral.

Mais Michel Onfray le promet :
« Quand Jésus viendra me rendre visite, je ferais amende honorable, j’écrirais un traitement de théologie. »
Ecrit par Raskolnikov, a 17:25 dans la rubrique "Philosophie".
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Mardi (15/03/05)
L'apostat


Je le vois arriver avec son air débonnaire exactement à l’heure que nous nous étions fixés. Devant l’entrée de la tour où il occupe un poste de vigile.

Il a une grande nouvelle à me communiquer. Il veut que je sois le premier qui le sache.

« J’ai longuement fait mûrir ma réflexion. Depuis que j’ai vu ces images récupérées sur internet.

Le bourreau qui découpe la tête de l’Américain. Est-ce donc cela l’Islam ?

Une totale soumission aux sourates, à la parole d’un Dieu redoutable ? Sans avoir le droit de questionner le Coran ?

Je ne veux plus de cela. Je ne veux plus de ces violences et de cette haine.

Pas de Jihad et encore moins de Paradis.

On se sent trop au-dessus des autres avec cette religion. On croit trop qu’elle est suprême.

On mélange tout : l’histoire, la culture, le spirituel. On pense que c'est plus important d'être un bon musulman avant d’être un bon citoyen.

J'en ai marre d'aller à la mosquée, d'être obligé d'écouter les prêches d'un imam qui ne connaît rien à la société française.

Je ne veux plus qu'on m'oblige à juger les autres.

Qu’importe que mon père me renie ou que ma mère pleure, j’ai pris la décision de perdre la foi.
»

Un long silence accompagna ses paroles. Il ne voulait plus rien me dire d’autre. Il retourna sur ses pas et s’engouffra dans la tour.
Ecrit par Raskolnikov, a 18:18 dans la rubrique "Philosophie".
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Mercredi (19/01/05)
Pourquoi Jésus Christ n’a jamais existé !

Attention, le texte qui suit, s’adresse à un public averti. Tout croyant qui y perdrait son âme ne devra s’en prendre qu’à lui-même.

 

Je veux porter un grand coup dans mon Joueb. Marquer les esprits pour que personne ne doute de ma bonne foi. Mettre un trait de ma personnalité pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté.

Je l’affirme haut et fort : Jésus Christ n’a jamais existé !

 

Comment je le sais ? Je vous invite à cliquer sur le lien de l’Université Populaire de Caen, et notamment dans les cours de Michel Onfray , philosophe athée aux arguments implacables. J’écoute, au fur et à mesure de mes envies, ses cours diffusés sur France Culture que j’ai enregistrés avec passion. Je les tiens d’ailleurs à disposition de ceux que cela intéresse.

 

Voici donc mes explications :

 

D’abord, il n’y a aucun écrit contemporain à Jésus Christ en notre possession. La première Evangile, celle de Marc, a été écrite en 70. Il n’y a aucune preuve archéologique. Le tombeau du Saint-Sépulcre a été crée de toute pièce par sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin. On sait aujourd’hui que le suaire qui a fait couler tant d’encre est un faux.

Au premier siècle de notre ère, des milliers d’hommes se faisaient passer pour prophète. Ils prédisaient ce qui est annoncé dans l’Ancien Testament. L’époque prédisposait aux craintes apocalyptiques.

Jésus, étymologiquement, signifie = Dieu sauve, a sauvé, sauvera.

Les Evangiles ont subi maintes modifications de copistes zélés avant d’arriver jusqu’à nous.

Tous les concepts abordés trouvent leur source dans la philosophie grecque. Le plus bel exemple est la virginité de Marie. La mère de Platon l’était aussi.

Il existe d’autres textes d’apôtres, écartés sciemment par l’Eglise, lesquels nous donnent des détails croustillants sur Jésus. Savez-vous qu’il a ressuscité un coq cuit dans un banquet ?

Les Evangiles donnent des versions différentes du chemin de Croix.

Le village de Nazareth n’existe qu’à partir du II° siècle après Jésus Christ.

Ponce Pilate ne peut être procurateur car ce titre n’apparaît qu’après 50. Il était préfet de Judée.

Jésus n’a pu être crucifié car cette mort, les Romains la réservaient à ceux qui menaçaient leur empire. Dans le cas où il aurait été réellement mis en croix, son corps aurait fini dans une fosse commune à la merci des chiens errants.

Pourquoi les disciples sont absents le jour de la crucifixion ? Pourquoi reprennent-ils tous leurs métiers sans devenir missionnaires ?

 

Jésus Christ est au fait un personnage conceptuel qui va cristalliser autour de sa légende les moyens de révolte contre les Romains dominateurs.

 

Et toi, qu'en penses-tu ?

Ecrit par Raskolnikov, a 14:21 dans la rubrique "Philosophie".
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