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Notre époque a t-elle un équivalent dans l'Histoire, par Michel Onfray
Michel Onfray ne se contente pas d’exposer vers des auditeurs conquis ses exposés en matière de philosophie, il organise aussi des séances où les questions sont libres et le débat animé.

Voici la question d’un auditeur :

Vous nous avez dit que le IIième siècle était une époque hystérique, j’aimerais que vous nous disiez quel diagnostic vous faîtes à propos de la notre ?

Réponse de Michel Onfray :
Le même ! ( rires dans le public ).

C’est assez singulier de voir comment on passe d’une époque à une autre.

C’est le travail de l’historien qui la plupart du temps est l’occasion de découper les périodes. Il y a un historien qui s’appelle Daniel Milo qui a fait un travail extraordinaire sur la question de la périodisation de l’histoire. Il nous dit que l’on compte aujourd’hui après la naissance de JC dont la date n’est pas très précise. On nous dit que JC serait né trois ou quatre ans avant la date zéro. On a demandé à des astronomes a quoi ressemblait le ciel de l’époque pour essayer de répondre à la question de la date précise de JC. On n’aura jamais de réponse à cette question. Et Milo nous dit : « et si on comptait, non pas à partir de la naissance de JC, mais à partir de la Passion ! » On considère que c’est 33 après JC. Dans ce cas, tout est décalé. Il fait la démonstration que toutes les périodisations que l’on a pu faire ne tiennent pas la route.

Quand j’étais étudiant, on nous apprenait que la philosophie moderne c’était le dix-septième siècle. Pour un historien, le moderne, ce n’est pas la même période. On a des façons arbitraires de tailler l’histoire. C’est autant d’occasion de nous tromper sur ce que sont exactement les moments dans une histoire.

On sent bien que notre période ressemble étrangement à la fin du bas empire romain. Mais où et quand ? Est-ce que l’on est à l’équivalent du premier siècle avant JC, contemporains de Lucrèce et de Cicéron par exemple. Est-ce que l’on est contemporains du IIième siècle après JC, de cette hystérie gnostique, avec la fin d’un monde et le début d’un autre ?

On a aujourd’hui des gens qui sont des réactionnaires au sens étymologique. Ils veulent restaurer le passé. Et puis on a les progressistes. Et puis on a des gens qui sont attentistes, qui sont perdus, qui ne savent pas trop. Je crois que l’on est aujourd’hui dans une période qui ressemble singulièrement à la période de tuilage qui nous a permis de dire qu’il y a eu un monde qui s’est effondré, le monde antique, et un nouveau monde qui est arrivé, le monde chrétien.

Il faut être extrêmement prudent quand l’on fait de l’histoire, et non voir en termes apolliniens, (du genre je mets des abscisses et des ordonnées. Il faut plutôt envisager l’histoire en termes nietzschéens, en termes dionysiaques. L’histoire. C’est une espèce d’énergie permanente avec des superpositions, avec des vitalités, avec des efflorescences, avec, en prenant la métaphore de Darwin, des essais d’animaux qui tiennent le coup ou qui ne tiennent pas le coup, avec des adaptabilités. Ca passe ou çà casse. Penser en terme de rhizome, d’arborescence beaucoup plus qu’en terme de chronologie comme on le fait.

Pour la question spécifique de l’identité de notre période, à l’évidence, on ne se trompe pas beaucoup en disant que nous vivons la fin d’un monde On ignore a quoi ressemble le monde qui va advenir. Et cette hystérie du IIième siècle après JC, elle est visible parce qu’il y a un âge d’angoisses : on quitte quelque chose que l’on connaît pour aller vers quelques chose que l’on ne connaît pas. On sait ce qui avait eu lieu et on ne sait pas ce qui va avoir lieu. On voit bien que l’état-nation c’est fini, que la possibilité d’un chef d’état, c’est terminé. Qu’il faut penser aujourd’hui autrement. Qu’il y a un gouvernement planétaire qui s’annonce. Qu’il va falloir faire avec un libéralisme généralisé. Il n’y a pas de force d’opposition au libéralisme.

D’un seul coup, en très peu de temps, le temps que met une pensée à se fabriquer, après le 11 septembre, on découvre qu’une partie de l’islam déclare la guerre à l’Occident, et que l’on se retrouve avec des questions à gérer du genre le voile, le foulard, pour ou contre, qu’est qu’on en fait ? Les lieux de culte, est ce qu’on les finance ? Tous les débats qui sont ceux de la télévision et de la radio aujourd’hui. On n’arrête pas de poser la question de l’Islam.

Est-ce que la disparition du monde judéo-chrétien, qui est l’évidence, même s’il y a encore des imprégnations à l’eau bénite, mais cette disparition-là, elle va vers quoi ? Elle annonce quoi ? Et bien, on ne sait pas ! Pas plus que l’on ne le savait pas au IIième siècle après JC lorsqu’on voyait bien que le monde allait disparaître. Politiquement, ça foutait le camp de partout. L’empire était devenu impossible à gouverner. Et Constantin se dit qu’il y a quelque chose à faire avec le christianisme. Il va l’utiliser pour construire un nouvel empire.

Est-ce que l’on aura l’équivalent aujourd’hui planétaire, car certains ont aujourd’hui les moyens de parler à la planète entière ?

On peut imaginer que des figures du style de Constantin refabriqueraient du lien social planétaire. Les liens sociaux ne se fabriquent jamais avec de la raison, avec de la sagesse, de la philosophie ou de l’intelligence. Cela se fabrique avec de l’irrationnel, des craintes, de la peur et des angoisses. D’où la nécessité de lire et de relire Freud. C’est quelqu’un qui a démontré comment les civilisations étaient travaillées par les pulsions de vie et les pulsions de mort, comment il y avait des civilisations qui se détestaient.

La France se déteste aujourd’hui. On est dans une haine de soi manifeste. On ne s’aime pas. On n’aime pas ses écrivains, ses auteurs, ses poètes, ses cinéastes. On aime les autres. Quand on s’aime, c’est pour de mauvaises raisons. On est capable d’appréhender notre histoire uniquement sur le terrain de la négativité : la torture, la collaboration, le pétainisme, Vichy. On est passé d’une période gaullienne où il n’y avait que des Français résistants à une période où il n’y avait que des Français collabos. Il faut faire de l’histoire et cesser de faire de l’invective comme aujourd’hui.

Tous ceux qui pensent la question de la sortie de l’Antiquité et la question de l’entrée dans le Christianisme sont armés pour penser la question de la sortie de la vieille Europe continentale et l’entrée dans un monde planétaire comme celui vers lequel nous allons.

Ainsi, soit-il.
La salle ne rit plus mais applaudit longuement la longue prise de parole du philosophe.
Ecrit par Raskolnikov, le Jeudi 28 Avril 2005, 17:56 dans la rubrique "Philosophie".


Commentaires :

  alberto
alberto
29-04-05
à 15:03

Se souvenir de notre héritage

Bernard-Henri Lévy avait sa chemise blanche, Michel Onfray a sa chemise noire. Nouvelle génération. Alors qu’a-t-il dit ? La disparition du monde judéo-chrétien qu’il constate, en réalité, n’est qu’apparente. Mais pour lui la disparition est évidente et par conséquent il se demande avec angoisse (on le comprend) ce qu’il y aura après. Cette crainte est enfouie très profondément, parce que le jour où le monde chrétien disparaîtra, la fin réelle arrivera, entraînant avec elle le monde Juif qui n’a pas reconnu son Messie. Mais j’espère que personne n’ignore que ce même monde Juif est aimé à jamais de Dieu, qu’il sera sauvé, même au prix d’un retour de Moïse ou autre prophète, mais il sera sauvé -c’est la chose la plus sûre qui soit- et le monde en profitera encore plus comme nous en avons profité jusqu’à aujourd’hui ! Beaucoup de gens ignorent que ce sont les bases de notre monde.

Qui prendra la place de Dieu ? C’est tout se qui se cache en coulisses. Sûrement le point essentiel où chaque être devrait réfléchir davantage jusque dans l’âme. “Nous passons à une dimension planétaire”, en disant cela, Michel Onfray ne peut se tromper. Rendez-vous compte que sur ce Joueb, vous pouvez parler à la terre entière ! Vous pouvez déjà jouer les petits dieux ! Nous glissons en effet de plus en plus et sans nous en rendre compte dans une autre politique, par-delà les frontières des Etats nations. Il faudra s’y habituer : soit être Européen, soit Amériain, soit Chinois... Et Michel Onfray a encore raison lorsqu’il dit que “l’on ignore a quoi ressemblera le monde qui va advenir”.

Je ne sais pas si la France se déteste, je n’en suis pas sûr. La France est comme tout le monde, avec ses chômeurs. Je ne sais pas si les Français sont en colère, je n’en suis pas sûr non plus. Nous sommes tous comme des barques, ou des bateaux ,ou des paquebots, et nous scrutons dans le brouillard, nous cherchons le phare qui va nous orienter vers une bonne direction. “Je suis la lumière du monde” a dit quelqu’un, il se fait que celui qui a dit cela, c’est le Christ.

  Raskolnikov
Raskolnikov
30-04-05
à 09:48

Re: Se souvenir de notre héritage

Juste un bémol au sujet de la chemise noire. Historiquement, c'est devenu le symbole des fascistes italiens à l'époque de Benito Mussolini. Michel Onfray sursoterait en lisant tes commentaires.
Et puis, un philosophe doit-il porter un signe visuel pour le mettre dans une catégorie?
Dans un autre de ses commentaires, Michel Onfray nous enseigne que la plupart des philosophes français sont sérieux comme BHL parce qu'ils suivent la lignée des philosophes allemands.
Michel Onfray se déclare plutôt épicurien éclairé, philosophe alternatif, maniant l'humour et la raison.

  alberto
alberto
30-04-05
à 13:08

Re: Re: Se souvenir de notre héritage

Bien sûr ! La chemise noire n'a aucune importance ! C'estjuste ce qui m'a frappé la 1ère fois que je l'ai vu, mais sans plus, ma remarque ne veut rien dire, c'est une remarque bête de ma part.