La guerre de succession du vénéré baron a commencé dans les arcanes du Medef. Notre saint homme, en effet, tirera sa révérence dans tout juste un an. Nous trouvons-là certainement une explication au soi-disant blues de nos respectueux patrons qui n’ont toujours pas confiance en l’avenir. Jean-René Fourtou, par exemple, après trois années à la tête de Vivendi, va partir avec 16 millions d’euros en salaire et stock-options à la retraite pour couler ses vieux jours dans un palais de 13 hectares à quelques kilomètres de Marrakech. Il faut dire qu’il le mérite. Il s’est acharné à son travail pour effacer les erreurs du félon J2M. Il a très peu vu sa femme, député UMP au parlement européen, ni ses trois fils, actionnaires néophytes, ces dernières années. Il est la preuve vivante que le travail trouve toujours sa récompense.

Je pourrais citer ses autres confrères qui en quelques années ont réussi à obtenir des rémunérations du niveau des businessmen américains. Ils sont des modèles pour notre pays en déclin, dont les noms devraient être gravés en haut de l’obélisque de la place de la Concorde.

Et c’est moi, le fauché, accroc aux 35h, qui serait le premier à poser une échelle pour accomplir la tâche, bénévolement, bien sûr !

Certains voient déjà poindre le nez du frangin de notre ex-ministre des finances pour prendre la tête de la confrérie dans un an. Or, je peux déjà vous l’annoncer avant tout le monde, ni lui ni un autre ne s’emparera du trône, à la droite de la République, mais Une ! En effet, c’est une femme de 45 ans qui sera la porte-parole des méritants entrepreneurs : Laurence Parisot, patronne de l’IFOP, qui vient de porter un grand coup dans les rangs de ses pairs après avoir prononcer une phrase qui trouvera place dans les livres d’histoire pour mille ans : « La modernité s’arrête là ou le code du travail commence ! »

Elle fut applaudie de longues minutes dans les rangs garnis du zénith durant la dernière assemblée générale de cette vénérable institution.

Au sein de mon entreprise, pour la première fois en 5 ans, une élection pour désigner les délégués du personnel et les membres du CE vient de se dérouler. La participation a été très importante. Les salariés se sont mobilisés pour se donner le droit d’exister.

Quand le code du travail sera cassé, quand un patron pourra tantôt embaucher, et tantôt jeter un employé, en fonction de l’activité immédiate de son entreprise, espérons que le futur président de Vivendi pourra encaisser encore plus de millions d’euros que son prédécesseur. La France ne peut manquer la modernité.