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Podcast contre journal télé
Depuis que je manipule les podcasts avec dextérité, j’en ai plein les oreilles. Des émissions de radios en son numérique se téléchargent tous les jours dans mon lecteur Mp3. Je n’ai qu’à piocher sur mon écran d’ordinateur pour choisir celles qui conviennent à mon humeur.
Un jour c’est Larqué Foot ou Luis Attaque grâce à RMC, une autre fois In Vino, une émission sur le vin avec BFM, ou encore mieux, On refait le monde animée par Pascale Clark diffusée tous les jours sur RTL. Tous les matins, tandis que j’attends l’arrivée de mon train sur un quai de gare, j’écoute les commentaires sérieux des hommes et femmes de médias qui viennent en direct s’exprimer. Comme ils se connaissent tous, il y a rarement des haussements de ton dans la voix, mais comme le panel est éclectique, des idées peuvent s’échanger et la langue de bois est au placard. C’est tout le contraire du journal télévisé de vingt heures. C’est fini, je l’ai définitivement mis au ban de ma curiosité. Je ne supporte plus ces présentateurs sans opinion qui jouent les disc-jockeys de l’information. Ils nous présentent à la chaîne des reportages sur l’actualité du moment sans aucune profondeur. On y voit des images lesquelles, selon l’ordre de leur montage, expriment au bout du compte la volonté du rédacteur en chef le téléphone à la main avec le patron de la chaîne qui l’embauche. Il a tellement peur de se faire virer qu’il interdit toute audace intellectuelle susceptible d’heurter la courbe de l’audience. Elle ramollit tous les jours, mais cela ne l’inquiète pas davantage tant qu’il conserve sa place privilégiée. La palme de la non-information va pour les directs, souvent sur des lieux de catastrophe, où l’on voit un pauvre journaliste tremblotant face à une caméra, avec en arrière plan les ruines de l’actualité pour laquelle on l’a envoyé sur place. Après quelques mots prononcés avec éclat dans le micro qu’il tient à la main, on s’aperçoit très vite qu’il n’a, en vérité, absolument rien de nouveau, que l'on ne sache déjà, à nous dire. Il se contente de répéter ce que le quidam est capable de lire dans les news de Yahoo en temps réel. Il donne l’impression qu’on l’a prié de faire le voyage uniquement pour mettre en avant la réactivité de la rédaction face aux événements. Il est là, avec ses congénères, dans le même embarras, le même ennui, que le téléspectateur partage avec lui. La voix de Pascale Clark est donc devenue ma parole d’Evangile. Elle est maligne cette Pascale Clark. Derrière sa douce voix intelligente nous devinons une femme assise dans son époque, mais plus dans la peau d’un témoin impartial que dans celle d’une militante passionnée. Aux premières notes de son timbre, je sais que je vais apprendre en quelques minutes plus de choses que si j’étais resté bouche bée devant mon téléviseur plasma. Pendant que mes oreilles enregistrent, mon cerveau se met en friction. Je trépide comme un citoyen qui se donne l’impression d’avoir accès à quelques bribes de vérité. Aujourd’hui, voici un extrait du livre de Lionel Jospin qu’il s’apprête à faire imprimer par le biais des rotatives de l’île de Ré. Il est lu en direct et commenté avec compassion. Une alliance implicite entre des grands dirigeants d’entreprise, des financiers, des cadres élevés d’industrie et des services, certains hauts fonctionnaires de l’Etat, et des privilégiés des médias forment la nouvelle aristocratie.Ce n'est pas demain que l'on verra un Jean-Pierre Pernaud lire face à une caméra un tel extrait. Il préfère cligner de l'oeil en lançant un sujet sur la rénovation d'un clocher au fin fond du Berry, plutôt qu'interpeller dans les chaumières. C'est un employé corvéable à la solde de la nouvelle aristocratie contre laquelle s'élève le battu du 21 avril. Ecrit par Raskolnikov, le Vendredi 21 Octobre 2005, 19:49 dans la rubrique "Actualités".
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Moi, Raskolnikov
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