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J’ai assisté au vol 164 de la fusée Ariane

Ce samedi soir, tous les salariés d’une filiale EADS spécialisée en réservoirs spatiaux se sont donnés rendez-vous dans leur entreprise pour assister au nouveau tir de la fusée Ariane 5. Ils ont convié leur famille ou amis. Je prends place dans l’assistance.
Deux ans après l’échec du premier tir du nouveau modèle de la fusée européenne, une tentative cruciale va avoir lieu dans quelques minutes. Nous braquons tous nos paires de yeux en direction de Kourou avec anxiété. Un nouvel échec pourrait remettre en question la survie de milliers d’emplois.
Pour être rentable aujourd’hui face à la concurrence, Ariane 5 doit être capable de placer 10 tonnes de satellites dans l’espace.


Un écran géant nous montre en gros plan le monstre patelin sur son pas de tir. Il fait 50m de long pour 780 tonnes de masse globale. On dirait un jouet sur mesure pour un enfant privilégié. De la fumée se dégage du côté de la fusée, ce sont des échappements d’hydrogène liquide qui alimente le réservoir principal. Pendant le stationnement d’Ariane 5, il y a inévitablement de l’évaporation de carburant. Celui-ci est maintenu à un niveau maximum de remplissage jusqu’au décollage.

Il y a 4 heures de décalage entre Paris et la Guyane. On aperçoit les ingénieurs impatients devant leur ordinateur. Ils portent tous des chemises courtes. Il fait beau dans le département français sud-américain.
On sent que la tension monte. Le client américain du satellite XSTAR qui doit être mis en orbite ce soir est en pleine discussion avec le responsable de mission. Dans la coiffe d’Ariane, on trouve aussi une maquette qui mesurera l’environnement interne du lanceur pendant le vol, et un micro-satellite qui a pour mission d’expérimenter la dynamique des fluides en gravité pour un période de quinze jours.

Le décompte du tir s’affiche en vert. Il reste 1 minute. Je regarde aux alentours les ouvriers qui ont travaillé sur la structure la plus longue de l’engin.
Tout d’un coup, un râlement général. Le décompte vient de se bloquer à -59s. Un voyant rouge s’est allumé sur le tableau de bord des ingénieurs. Nous les voyons désormais s’agiter avec leur téléphone. Le silence règne dans l’assemblée. Une voix off nous annonce un reportage sur le bagne de Guyane. Nous sommes transportés plusieurs longues minutes dans l’Ile du Diable en compagnie du capitaine Dreyfus.

Au bout d’une heure alternant découragements et explications techniques. Le compte à rebours repart à -16 minutes. C’est la séquence obligatoire avant chaque lancement. Des calculateurs contrôlent par des milliers de mesures le bon déroulement des opérations. A -4 min, c’est la pressurisation des réservoirs. A -03 secondes, c’est le passage en mode vol des deux centrales de guidage.

Zéro. La mise à feu. Des flammes se déclenchent sous le moteur Vulcain. Ariane 5 s’envole à +5s. Malgré une distance de 14 Km entre le pas de tir et le centre de contrôle, le sol se met à trembler sous les pieds des ingénieurs.


Deux minutes plus tard, les deux boosters se détachent de la fusée.La trajectoire semble conforme aux prévisions des ordinateurs. Dans quelques instants, c’est la phase critique. C’est à +7 min qu’Ariane 5 avait rencontré une anomalie lors du premier tir. Son explosion avait été déclenchée quand elle avait commencé à changer de cap. Cette phase correspond à la séparation du premier étage. Personne ne peut affirmer encore que le deuxième étage prendra bien le relais. Le point clignotant sur le tableau géant est toujours en ascension quand l’opération est terminée. Ariane 5 continue bien d’emporter ses passagers comme prévu.

26 minutes après la mise à feu d’Ariane 5, le satellite américain est bien largué dans l’espace. Les deux autres suivront avec le même succès. C’est le soulagement dans le PC de Kourou. Les sourires ont chassé la sueur des visages. A mes côtés, des grands cris sont lâchés. Des applaudissements retentissent en écho avec ceux de Kourou. On commence à dresser des tables pour sabrer le Champagne. Les petits fours sortent du congélateur pour être préparés.
Le responsable de l’entreprise prend immédiatement la parole.
« Nous pouvons voir l’avenir avec optimisme ! »

Plusieurs verres après, les conversations tournent à la rigolade. Chacun vante le savoir faire de nos ingénieurs. On évoque les 46 autres satellites qui attendent leur tour sur la liste de commande d’Ariane 5. Tout le monde semble rassuré. La délocalisation d’une partie de l’activité en Russie est oubliée jusqu’au prochain tir.
Ecrit par Raskolnikov, le Lundi 14 Février 2005, 18:33 dans la rubrique "Actualités".


Commentaires :

  ArnoldLayne
ArnoldLayne
14-02-05
à 19:23

Quand on est sur place, sur la plage, c'est encore mieux. Enfin bon..