Ce week-end, les journalistes de télévision nous apprirent qu’un ex mari de Marilyne Monroe venait de décéder. En tendant une oreille fine, je découvris qu’il s’agit d’un écrivain.
Mais qui est cet Arthur Miller qui vient de s’éteindre à 89 ans dans sa maison du Connecticut ?


Arthur Miller est d’abord un grand témoin de son temps.
En tant que fils de tailleur juif d’origine polonaise, il s’interrogea longuement sur les massacres commis par les nazis dans le pays de ses origines.
Il fut très marqué par la Grande dépression qui suivit le krach de 1929. Son père, qui avait fait fortune dans la confection, se retrouva ruiné et au chômage, du jour au lendemain.
Il connut le monde du travail en usine et les fins de mois difficile. Il allait puiser de la matière de ses années de plomb pour construire son œuvre.
Il fit face aux autorités américaines durant la sombre période du maccarthysme, se retrouva même en prison pour avoir défendu ses opinions.
Il connut la plus belle femme du monde, celle qui éternellement restera comme le symbole de la femme adulée du cinéma.

En 1949, il écrivit certainement une des plus grandes pièces de théâtre du XX° siècle :
« Mort d’un commis voyageur. »

J’ai eu l’occasion d’assister à la représentation de cette pièce dans un théâtre de banlieue.
C’est Victor Lanoux qui jouait le rôle de Willy Loman, ce représentant de commerce croyant à la folie aux vertus du capitalisme américain. Nous assistons à sa lente agonie dans un système qui est sans pitié pour les faibles.
Son actualité n’a pas bougé d’un iota. A la place d’un commis voyageur, cela pourrait être un cadre qui vient de perdre son emploi. Un homme qui voit s’effondrer tous ses repères dans l’indifférence générale…

Nous avons les écrivains qu’on mérite. Aujourd’hui, les lecteurs se bousculent pour attraper le dernier Marc Levy ou Coelho. Les intellectuels qui cherchent à maintenir en sursaut la conscience des lecteurs deviennent rares. Avec la mort d’Arthur Miller, c’est encore un opposant à la servitude volontaire qui disparaît.