Je n’ai pas raté l’occasion, hier soir, de passer la soirée dans la pension Vauquer, en compagnie d’un des plus importants personnages de la Comédie Humaine. Je passerai sur le père Goriot, sous les traits de Charles Aznavour. C’est à Rastignac auquel je pense. C’est l’ambitieux provincial monté à Paris avec toutes ses illusions. Il va beaucoup apprendre de la tragédie du vieillard ruiné par ses deux garces de filles

Il écoutera les recommandations de sa cousine la vicomtesse de Beauséant : « Le monde est infâme et méchant... N’acceptez les hommes ou les femmes que comme des chevaux de poste que vous laisserez crever à chaque relais ».

Mais ce sont peut-être les propos cyniques de Vautrin, Trompe-la-mort, le forçat en fuite qui l’éclaireront sur le société où il veut réussir:
« L’honnêteté ne sert à rien. Si vous voulez promptement la fortune, il faut être déjà riche ou le paraître. Sachez bien vous débarbouiller. Là est toute la morale de notre époque. ».

J’ai regardé ce téléfilm jusqu’à la dernière ligne de son générique pour découvrir que le tournage s’est déroulé en Roumanie. On peut prendre la liste des derniers téléfilms diffusés à grands coups de publicités sur les voies hertziennes. Quand ce n’est pas en République tchèque, c’est en Bulgarie vers laquelle la production française se délocalise. Et à cela pour une raison toute simple, le cachet réservé pour l’acteur principal représente parfois plus de 10% du coût du téléfilm. Il faut stabiliser le budget en trouvant des studios bon marchés avec un personnel à bas salaire.

Aujourd’hui, tous nos acteurs se bousculent pour avoir un rôle dans une production télévisée françaises. Tout le monde veut gagner comme Véronique Genest 300 000 euros pour quelques jours de tournage, voire 534 000 euros à l’instar de notre sympathique Roger Hanin. Il paraît qu’Alain Delon a fait fructifier son compte en banque suisse en jouant un premier rôle pour France Télévisions. On parle d’un nouveau record avec Isabelle Adjani, prochainement sur notre petit écran.

Ce n’est pas demain que nous verrons des séries aussi originales que The Shield, Nip/Tuck ou Six Feet Under, produites par la télévision françaises. Nos producteurs préfèrent miser sur une poignée d’acteurs archi connus plutôt que sur l’imagination des auteurs. C’est la bousculade pour une petite élite qui laisse des miettes pour les autres.

Mais nos célébrités sont des smicards par rapport à Julia Roberts qui gagne 30 millions de dollars par film. J’ai calculé, avec mes 35 heures par semaine et mon salaire actuel, il me faut travailler pendant 1000 ans pour gagner une telle somme. Et nos Roumains ?