Il n’y a pas que les joueurs de foot qui prennent la route de l’Angleterre, nouvel eldorado de l’ultralibéralisme. Toutes les compétences y sont les bienvenues, d’où qu’elles viennent.

La Hongrie vient de s’apercevoir qu’un certain nombre de médecins qu’elle forme dans ses universités immigrent en direction de la perfide Albion. Ils partent chercher de l’autre côté de la Manche un niveau de rémunération proportionnel à leur coup de bistouri.

Pour compenser ses départs en masse, le gouvernement hongrois ouvre ses frontières aux médecins Roumains. Ainsi, il reste possible de se faire remonter les seins à Budapest. Mais que fait la Roumanie de son côté pour que ses hôpitaux ne ressemblent pas à des couloirs de la mort ? Elle va chercher des médecins Moldaves.

Nous arrivons-là au bout de l’échelle de ce darwinisme économique. Car la Moldavie, c’est le trou-du-cul de l’Europe. Vous ne pouvez pas vivre dans un pays au niveau de vie plus bas en Europe. Les quelques médecins qui y exercent encore doivent avoir la foi ou sont complètement fous.

La Moldavie est un pays de la taille de la Belgique, enclavée entre la Roumanie et l’Ukraine. Voir la carte ci-dessous :

Dans ce coin du monde, pour survivre, il n’y a pas plusieurs solutions. Il faut se débrouiller. Quand on a la chance d’avoir un travail, il faut en avoir plusieurs sinon on ne gagne pas assez pour faire vivre sa famille. Il faut souvent partir quelques mois à l’étranger pour y vendre ce que l’on possède encore, son corps, ses reins, ses enfants. Car tout se vend en Moldavie.

On trouve dans les rues de Chisinau, la capitale, un nombre incroyable de bureaux de change alors que l’on ne voit aucun touriste. Ils sont ouverts pour le brave père de famille qui revient de Turquie, une cicatrice béante sur le bas ventre qui vient échanger ses devises gagnées sur une table d’opération. Ils existent pour cette grand-mère qui a vendu sa petite fille de 16 ans pour cinquante dollars à un inconnu. Ils représentent pour le gouvernement aux relents communistes la seule richesse possible pour développer le pays.

1 Moldave sur 4 vit à l’étranger, soit 1 millions d’individus dont la plupart sont considérés comme des « trafiqués » c'est-à-dire sous l’emprise de réseaux mafieux qui étendent leur toile partout en Europe.

Le Moldave est soit une prostituée, un gamin voleur ou un porteur d’organes pour notre civilisation ultralibérale.

Nelson Mandela eut cette déclaration le 3 février dernier à Londres :

« Comme l’esclavage et l’apartheid, la pauvreté n’est pas naturelle. Elle est fabriquée par l’homme et elle peut être vaincue et éradiquée par les actions des hommes. Et vaincre la pauvreté n’est pas un geste de charité. C’est un geste de justice. C’est la protection d’un droit humain fondamental, le droit à la dignité et à une vie décente. Tant que persiste la pauvreté, il n’y a pas de vraie liberté. »

Je ne sais pas s’il a eu un mot pour la Moldavie !