L’autre jour, dans le final au couteau d’un célèbre jeu télévisé, l’animateur pris un air solennel et montra au public sa petite fiche. Nous étions dans l’ultime question de la partie, celle qui allait départager les deux derniers candidats.
Il y avait un retraité de la SNCF en pleine forme et une prof d’anglais ridée.

Je m’accrochai aux rebords de mon canapé pour retenir mon émotion.
L’indice qui s’afficha sur l’écran passa au travers de mon attention. J’attendais crispé que démarre la logorrhée de l’animateur à partir de laquelle il faut débusquer le nom d’un célèbre contemporain.

« Question pour un milliardaire.
J’ai 48 ans. Le 4 avril 1975, avec deux amis, je créai ma société. Aujourd’hui, elle compte 85 sièges sociaux dans le monde. Je gagne 250 dollars par seconde, soit 20 millions de dollars par jour. Mon bureau est à Redmond, dans l’Etat de Washington. »

Les deux candidats semblaient perplexes devant les premières définitions.

« A moi tout seul, je représente le 37ième pays le plus riche de la terre. Depuis onze ans je suis l’homme le plus riche du monde. Je suis ???? »

Enfin, le retraité de la SNCF appuya sur le bouton pour donner sa réponse.
Il murmura timidement le nom du patron de Microsoft.

L’animateur regarda sa fiche pour s’assurer que cela correspond bien avec ce qui est écrit.

« Bonne réponse ! » clama t-il, sous les applaudissements de la foule en délire.
« D’ailleurs, savez-vous, reprit-il la parole, qu’il faudrait 713 Boeing 747 pour transporter tout son argent ? »

Le retraité SNCF fit la moue devant la dernière remarque de notre animateur.
« Vous auriez préféré une mesure en TGV ? Mais je ne l’ai pas en magasin. Hihi…
Je suis persuadé que vous voulez savoir ce que vous avez gagné ? »

Une blonde plantureuse apporta un plateau roulant avec plein de livres dessus.
« Vous avez gagné la grande encyclopédie Larousse en 20 volumes !
Félicitations ! »

Et une pluie de confettis roses tomba sur la tête du gagnant.
Le générique de fin apparut aussitôt avec un gros plan sur les rides de la prof d’anglais bien déçue de n’avoir pas remporter un tel trophée.

En regardant ma bibliothèque au fond de mon salon, j’imaginai trôner les vingt volumes avec leur reliure en cuir sur les étagères.