Dans le grand débat du référendum pour la Constitution européenne qui vient de démarrer, les hommes politiques qui prennent la parole ces derniers jours au sujet de la directive Bolkestein accentuent désormais leurs arguments en utilisant une nouvelle expression: le dumping social.

On dirait qu’ils se sont donnés le mot pour l’extraire de leurs cours d’économie afin de lui redonner une nouvelle noblesse.

Le citoyen moyen que je suis tremble rien qu’en prononçant ce mot franglais accompagné d’un noble adjectif.

Mais qu’est-ce que le dumping social ?

Ce matin, Alain Rey, le linguiste chroniqueur de 08h57 sur France Inter nous en donne enfin le sens.

C’est une expression née à la fin du dix-neuvième siècle que les économistes français sont allés cherchés pour désigner le diable qui surgit dans notre économie. Une politique des prix cassés rompt l’équilibre entre la concurrence et c’est l’effondrement des salaires.

C’est un mot d’origine scandinave qui signifie Tomber ou Faire tomber.
En anglais, « The dump », c’est la décharge, et dans le jargon populaire, « To Dump » veut dire chier.
Le dumping, en économie est plutôt un terme péjoratif à l’encontre des entrepreneurs qui ne respectent plus les règles de l’art.

Alain Rey conclue sa chronique ainsi :
« Le dumping social est une vraie saloperie. Ce que l’on met à la poubelle ici, ce ne sont plus des marchandises, mais les fameuses ressources humaines, c'est-à-dire de vraies gens comme vous et moi.
A la poubelle, donc le dumping social !
Ce n’est sûrement pas une raison pour dire Non à l’Europe. »

Existe-t-il un dumping politique pour désigner les hommes politiques qu’il faudrait mettre à la décharge ?