Cela fait plaisir de revoir ces vieux amis. Ceux avec qui je partage tout un tas de souvenirs. D’une époque insouciante où jeunes et immatures, nous imaginions nous déjouer des pièges d’une vie baclée. Nous nous retrouvions chaque vendredi soir, après une semaine professionnelle distrayante, pour partager notre joie de vivre. Autour d’une table d’un restaurant de quartier, les apéritifs vidés à maintes reprises, le vin dégoulinant des verres, les rires de nos moqueries pour mettre dans l’embarras l’un d’entre nous. Nous nous quittions autour de minuit rassasiés et heureux prêts à en découdre dès lundi matin pour se retrouver à nouveau en fin de semaine dans ce même restaurant et y raconter les mêmes histoires. Nous étions des célibataires endurcis qui se moquaient des femmes, car elles nous faisaient peur. Nous avions chacun nos tanières de vieux garçon meublées à la va-vite, des slips ni propres ni sales traînant sous le lit comme pour afficher notre virilité. Pas d’heure pour se lever avec la tête enfarinée et plombée.

Je verse une larme de nostalgie aujourd’hui quand nous nous retrouvons. L’un est marié sans conviction. L’autre voit sa fille une semaine sur deux. Le troisième vient d’investir dans l’immobilier pou préparer sa retraite. On rit encore à chaudes larmes en évoquant une descente dans un sex-shop un soir de quatorze juillet. On se demande ce qu’à bien pu devenir Lilou, une pauvre fille d'un soir, laquelle un jour s’incrusta à notre table. Elle nous remercia d’avoir mis fin temporairement à sa solitude en nous montrant une paire de gants de toilettes. Nous regrettons la disparition du quatrième larron qui un beau jour, rompit toute communication et disparut à tout jamais de la circulation.

En nous serrant une dernière fois la main, nous nous promettons de nous revoir très vite.