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Brocante à Sagy


Comme chaque année, toute la famille Blanchard se lève à l’aurore le deuxième dimanche d'avril pour se rendre à Sagy, dans le Val d'Oise afin de participer en tant qu'exposant, à leur première brocante de la saison.

Sagy est un petit village champêtre comme on en trouve encore dans nos campagnes, avec sa place principale, sa grande rue qui traverse en long et en large la commune, son église dont les murs portent les strates du temps écoulé, sa salle des fêtes où les filles rencontrent leur mari, et sa rue de la Vierge dessoûlée qui se termine face au Calvaire. C'est ici que les Blanchard disposent leur stand à quelques pas du croisement principal dans lequel les promeneurs sont obligés de s’engouffrer.

C'est la troisième fois que j'accompagne le clan. La première fois, j'y avais aperçu tour à tour mon gardien d'immeuble, malgré les 45 kilomètres nous séparant de nos causes communes, et un très ancien camarade de classe avec des traits marqués sur le visage. L'année suivante, la pluie provoqua une telle panique qu’il fallût ranger à toute vitesse les stands et déguerpir au plus vite.

La journée s'annonça de mauvais augure lorsque sur le coup de 7h00, coincés dans la rue principale, nous eûmes toutes les peines du monde à nous faufiler dans la rue de la Vierge dessoûlée.
Car les années Raffarin sont des années d'austérité pour le peuple d'en-bas. Malgré toutes les promesses que notre Premier ministre peut faire bruyamment à la télévision, les bas de laine sont raccommodés et les brocantes fréquentées.

A 7h00 du matin à Sagy jour de la brocante, c'est pire qu'une période de soldes devant les grands magasins. Il y a déjà une influence telle qu'il faut donner du coude pour monter son tréteau. Les habitués savent qu’il faut faire vite car les meilleures affaires se réalisent toujours les premières heures, quand les acheteurs les plus motivés se pressent dans les rues.
Ils repèrent la qualité de votre garniture en un clin d’œil. Ils achètent sans une hésitation ce qui les intéressent.

Ce sont essentiellement des familles originaires du Maghreb que l’on rencontre dans ce grand bazar Elles ont un faible particulier pour l'électroménager afin de le vendre au bled l’été prochain lors du prochain retour au pays. Cela se passe avec charité chrétienne, sans violence et intimidation, en toute quiétude et avec le sourire. Tout se vend même les vieilles télécommandes pour une marque de téléviseur disparue.
Les hommes sont souvent barbus, comme ceux qu'on voit à la télévision, les femmes suivent derrière la plupart du temps caché par un voile dont on se demande si la première qualité n’est pas d’amortir les rondeurs de la silhouette.

Vers 11h00, les premiers badauds commencent à se faufiler. Ils chassent progressivement les acheteurs pathétiques des premières loges. Ils sont en famille un tantinet nonchalant. Ils défilent dans une cacophonie harmonieuse. Ce qui les intéresse, c’est davantage commenter le décati des objets mis en vente sans parade que de chercher la perle rare qui les fera sortir le porte-monnaie.
Quelquefois, l’un d’entre eux peut avoir un coup de foudre pour une figurine en porcelaine. Il prendra plaisir à acheter sans tenter de négocier le prix.

Pendant une journée complète, en grignotant un sandwich ou en buvant un bon vin resté à l'ombre, j'observe cette humanité charitable, toute bigarrée, venue se rencontrer loin des turpitudes de la vie quotidienne.
Cette mosaïque humaine me donne un sentiment d’apaisement ou le CAC 40 est un ovni.

Quand pointe l’heure du bouquet final, monsieur le maire, qui a passé sa journée dans l’animation de la buvette, prend le micro et annonce des rabais sur les hot-dogs. Quand tout est vendu, il passe aux morceaux de tarte, puis à la dernière baguette de pain.
Pour les exposants, c’est le signal. Il faut commencer à remballer.

Progressivement, les tréteaux se vident, se démontent, disparaissent de la rue de la Vierge dessoulée. Les voitures reprennent possession des rues. Mr et Mme Blanchard comptent leur caisse.
Ils savent que l’année prochaine ils reviendront.
Ecrit par Raskolnikov, le Lundi 11 Avril 2005, 18:01 dans la rubrique "Personnel".