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Canonisation industrielle
Dans le journal télévisé, nous eûmes droit ces derniers jours au témoignage patenté d’un jeune mexicain miraculeusement sauvé d’une leucémie grâce au touché de feu notre ancien pape.
Les experts assermentés par le Vatican qui ont étudié le cas sont unanimes. Il s’agit bien d’un de ces phénomènes divins que la science ne peut pas expliquer.

Alors que le cadavre de Jean-Paul II était encore chaud, des murmures se faisaient entendre de la foule pour le canoniser.
Dans les lois de l’Eglise, pour devenir un saint éternel, il faut avoir guéri au moins un malade incurable. Quelques jours plus tard, on sort du chapeau ce mexicain vers lequel les télévisions du monde viennent pointer leur caméra.

Avant Jean-Paul II, seules 300 canonisations furent proclamées. Pendant son sacerdoce il en réalisa 483 et 1345 béatifications. Les béatifications servent à déclarer Bienheureux une personne décédée. Mère Teresa en est le meilleur exemple.
Jamais un pape n’avait autant usé de ses prérogatives.

Parmi les heureux gagnants de cette canonisation industrielle, nous comptons des figures particulièrement peu recommandables.
Ainsi le Père Maximilian Kolbe, mort à Auschwitz, mais à l’origine de plusieurs revues antisémites.
Alfredo Schuster, archevêque de Milan très proche de Mussolini.
Alojzijz Stepinac, archevêque de Zagreb pendant la deuxième guerre mondiale, hitlérien déclaré.
Et surtout, José Maria Escriva Balaguer, le fondateur de l’Opus Dei dont la sympathie pour Franco est un fait historique.

«Au nom du pardon, il a fait table rase de l’Histoire et de la justice. » nous claironnent ses plus fidèles admirateurs. On peut voir les choses sous cet angle quand on a la foi.

Pour finir cet article, j’ai un petit témoignage à apporter.
Il y a quelques mois, j’ai souffert d’une rage de dents obsédante. On ne pouvait plus m’approcher tant la douleur m’imprégnait.
Cherchant un moyen d’évasion dans le monde de la télévision, je regardai un reportage mettant en scène la première dame de France en pleine campagne pour ses pièces jaunes avec son Sancho Pancha de la charité, alias David Douillet.
Vous me croirez ou pas, mais quelques minutes après le reportage, la douleur commençait à s’estomper. Ma rage de dents allait complètement disparaître de mon corps.
C’est depuis ce jour que j’utilise ce révérencieux qualificatif de sainte à notre Bernadette.
Ecrit par Raskolnikov, le Samedi 16 Avril 2005, 10:29 dans la rubrique "Actualités".