Nous aurions pu aller au théâtre ce samedi soir assister en plein Paris à une pièce à succès.
Mais cela devient tellement ennuyeux de garer la voiture dans la capitale.

Nous sommes en bonne compagnie dans une ville tranquille des Yvelines.
Des collègues de ma femme. Deux hommes et une femme. Cela fait une table de cinq dans le hall de la pizzeria qui sert de préambule. Une place en bout de table avec personne en face. Je m’y colle résigné. J’observe le fond animé de la caisse gaiement occupée par une jolie hôtesse.

J’encaisse les trois verres de Rhum avalés goulûment en début de soirée.
Je décortique une Savoyarde avec de gros morceaux de Reblochon. Je fais plaisir à mon estomac. Manger sans compter est une forme de communication.
C’est déjà le dessert, et ça papote beaucoup autour de moi. J’ai vaguement compris qu’un couple doit se former ce soir. Trois d’entre nous servent d’alibis.

Le dessert arrive vite. Un Colonel décoré de Vodka. La glace fond immédiatement dans ma bouche. Je sens le mélange de l’alcool. Et il reste un verre de vin à finir. Nous sommes bientôt la dernière table à débarrasser. La soirée ne fait que commencer.

Le bar mitoyen. Une table nous attend. Un employé nous connaissons. Il fait des extras ici le samedi. Il travaille dans la même entreprise que ma femme. Il a un physique sélectionnable sur un plateau télé. Il nous sert sans mot dire une Margarita.

La musique en fond sonore gambade dans mes oreilles. A l’entrée du bar des convives dansent. La salle est pleine. Des regards de séduction s’entrechoquent. Je n’entends absolument rien aux conversations de mon groupe. Je me réquisitionne à l’écart. Comme seul compagnon le brouhaha rythmé de la platine du DJ’.
Les minutes passent. Les heures passent. Le bruit, la fumée, l’alcool sont le cocktail idéal du samedi soir. Le bruit est écrasant. La fumée imprégnante et entre temps, j’ai avalé une deuxième Margarita.

Je n’ai jamais cru au monde de la nuit. Je ne me suis jamais vraiment amusé. J’ai toujours l’impression d’être plumé par l’addition. On va se coucher à l’aurore. Dimanche, toute la journée sera décalée. Un mal de crâne comme souvenir. Et je ne suis même pas un séducteur.

Les plus en forme commencent à faire la queue devant le vestiaire. La musique a baissé d’un ton. De toute façon, elle ne m’inspirait pas. Ma femme me donne un coup de coude pour sonner le départ. Deux d’entre nous vont veiller plus tard. Ils nous disent au revoir chaleureusement. C’est notre couple en voie de copulation.

On sort. Le silence. Les oreilles qui ronronnent. Le corps qui reprend une température de saison. La voiture garée quelque part. Le week-end est presque terminé.