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Il faut combattre pour le vrai libéralisme
Propos de Jean-François Kahn lors de l’émission Travaux publics du 27/04.
Ce qui piège aujourd’hui le débat politique, c’est la mauvaise utilisation des mots.
Prenons le mot libéralisme.
On condamne le libéralisme : « Attention à L’Europe libérale », etc…
Mais si je fais un sondage pour savoir quel est le pourcentage des Français qui sont pour la nationalisation générale des biens de production, il sera très faible.
Est-ce que vous êtes pour l’abolition de la concurrence ? Idem.
Est-ce que vous êtes pour que l’état publie les livres, soit propriétaire des librairies et choisissent les écrivains à publier ? Idem.
La vérité, c’est qu’au sens réel du terme nous sommes tous libéraux. Il faut arrêter de se raconter des blagues.
Nous sommes pour la concurrence, l’accès au marché et la pluralité. Nous sommes tous des libéraux.
Et c’est parce que nous sommes libéraux que normalement nous devons tous ensemble lutter contre cette atteinte radicale au libéralisme qu' est le néolibéralisme.
Les libéraux se sont trompés parce qu’ils n’ont pas compris que l’état est nécessaire pour garantir la pluralité et l’indépendance du marché qu’ils préconisent.
Si vous allez chez Disneyland et que vous avez comme boisson le choix entre Coca-cola et Coca light. C’est un exemple du néolibéralisme et la négation du libéralisme.
De même que surfer sur internet avec comme seuls outils informatiques ceux de Microsoft.
Quand vous pensez qu’aujourd’hui, le commerce est contrôlé à 80% par trois centrales d’achats, certaines même contrôlent la totalité d’une région au point que vous n’avez plus de rapport avec le consommateur. C’est le capital qui décide le rapport que vous devez avoir avec l’usager ou le consommateur.
Si on ne comprend pas que nous devons défendre aujourd’hui les vraies valeurs de pluralité, de concurrence, de liberté, de diversités culturelles contre l’ultracapitalisme qui les menace, qui les piétine, qui est en train de les nier, je crois que l’on ne comprend rien au débat essentiel de notre époque.
Il y a deux logiques dans le néolibéralisme. La première, c’est la reconstruction du communisme sur une base privatisée.
Un exemple : Si Hachette avait bouffé les éditions Vivendi ( mais heureusement que la commission de Bruxelles s’y est opposée ), nous aurions dans l’édition française 80% des livres scolaires, 70% des dictionnaires, 60% des livres et toute la distribution entre les mêmes mains.
La deuxième, c’est la reconstruction du système féodal avec des armées privées, des justices privées, des écoles privées… Tout est privatisé, du moment que l’empereur décide. Et l’empereur est américain.
Le problème de l’ultracapitalisme ( ou la loi de la jungle ) est qu’il provoque de tels excès de violence, de paupérisation, d’exploitation, qu’en vérité ce n’est pas acceptable. Pour être accepté, il faut donc l’imposer, et la dictature est nécessaire. Le plus bel exemple étant la Chine communiste.
Pourquoi aujourd’hui le pays ou l’ultracapitalisme marche le mieux est la Chine Communiste ? Parce que la Chine communiste est le pays qui a le meilleur appareil répressif pour pouvoir forcer les ouvriers à accepter cette exploitation maximum. C’est un paradoxe extraordinaire. Double paradoxe qui montre la faillite totale du communisme et faillite du néolibéralisme qui en vient à s’appuyer sur un système communiste.
Je me réclame d’un courant qui s’appelle le centrisme révolutionnaire.
Il y a eu des systèmes qui ont centralisé l’état donnant naissance à des révolutions pour recentraliser l’homme, avec sa foi, sa chair, etc..
De la même façon, nous avons aujourd’hui des systèmes qui centralisent le profit et le capital, il faudra également un processus révolutionnaire pour les ébranler et recentraliser l’homme.
Ce double refus est par définition centriste, mais c’est un centrisme révolutionnaire parce que je pense qu’il faut un processus populaire vaste pour combattre ces doubles systèmes de servitude.
Ecrit par Raskolnikov, le Mercredi 4 Mai 2005, 16:57 dans la rubrique "Philosophie".
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ImpasseSud
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Je ne sais pas si j’arriverai à exprimer clairement le sentiment d’incomplétude que je ressens quand je lis ou j’entends ce genre de considération.
Les explications et les exemples de M. Kahn sont on ne peut plus clairs, cela ne fait aucun doute, mais ils ne suffisent pas à lever/déchirer le voile, car ce monsieur oublie, ne serait-ce que pour un principe de rigueur, de dénoncer l’ambiguïté, je dirais même la tromperie qui se cache sous le terme de « néoliberalisme », créé intentionnellement en conservant la racine évidente de « liberté », alors que le système que recouvre ce courant en est complètement dénué. Pourquoi n’a-t-on pas inventé un néologisme plus proche de la vérité ? Qu’il s’agisse d’une doctrine, d’une école ou d’un courant, les suffixes en « isme » ont toujours eu pour rôle d’indiquer une tendance, un idéal à atteindre, pour tous, et non pour quelques-uns. Le capitalisme, le communisme, le libéralisme sont des mots dépourvus de sens dès qu’ils atteignent un niveau d’obligation pour tous au profit de quelques-uns. On a alors le choix entre des termes comme « oligarchie », « dictature » ou « tyrannie », qui, bien entendu, ont une résonance bien moins agréable mais ont le mérite d’être plus proches de la vérité. Le problème, c'est que ces termes forts font peur. N’empêche que tous les ajouts relatifs à l’ultracapitalisme et à la servitude ont de grandes chances de rester sans échos ou de retarder la compréhension de la situation pour la majorité d’une population vite rassurée par le « radical heureux » de liberté.
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Raskolnikov
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Jean-François Kahn a surtout voulu nous faire remarquer que parfois nous perdons le fil du débat sur une question de vocabulaire. Il y a aujourd'hui une véritable menace qui plane sur le monde et qu'il appelle néolibéralisme. On peut l'appeler aussi ultralibéralisme. Bref, comme on veut. Maintenant, il faut le combattre, mais avec quelles armes? C'est tout le débat.
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ImpasseSud
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Je continue à penser que dans la cas présent la question de vocabulaire est d'une grande importance. Cependant, le commentaire que j'avais commencé à écrire étant trop long, j'ai préféré en faire un article chez moi, en citant le tien comme référence, bien entendu :-).
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Anonyme
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Entre mer et maquis - Une importante question de vocabulaire : "Dans un de ses derniers articles dont je conseille vivement la lecture, Raskolnikov rapporte les propos que Jean-François Kahn a tenus au sujet de libéralisme et néolibéralisme, au cours de « Travaux Publics », une des émissions de France-Culture, dénonçant le danger de ce dernier et l’importance de le combattre. Ce qu'il "
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Moi, Raskolnikov
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" Deviens ce que tu es " Nietzsche
"La religion existe depuis que le premier hypocrite a rencontré la premier imbécile." Voltaire
"Il est plus facile à un riche de cacher ses vices qu'à un pauvre de rester vertueux"
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