Quand la télévision décide de manière uniforme de traiter un sujet de littérature pendant les heures de grande écoute, elle n’y va pas par le dos de la petite cuillère. Elle décide d’inviter un jeune écrivain très prometteur en guest star dans toutes les bonnes émissions de divertissement : Valérie Benaïm.

Valérie Benaim est à la télé ce que Copernic est à l’astronomie. Avant elle, la télé ne ressemblait à rien, ou à pas grand-chose. Et elle est arrivée, avec son sourire conformiste pour coprésenter sur la plus grande chaîne de télévision des émissions aussi inoubliables que Exclusif ou Defense d’entrer. Après l’avènement d’Endemol, sa carrière phénoménale connut un premier bémol. Elle dut accepter, pour survire dans le monde impitoyable du PAF, de devenir une simple employée d’Arthur. On la vit ainsi, dans les coulisses du Parc des Princes interviewée le fiancé de Jennifer quelques minutes avant un grand show de la Star Ac.

Et puis, elle saisit une nouvelle chance lorsque la Marianne des maires de la France profonde, alias Evelyne Thomas, prit la grosse tête. Un producteur du service public pensa à son air intelligent pour venir combler le grand trou laissé dans la grille après le départ de la diva. Effectivement, son air était intelligent, mais beaucoup trop pour fidéliser le public de ce créneau horaire. Elle fut remerciée comme une simple speakerine pendant l’éclatement de l’ORTF.

Mais Valérie a du répondant. On ne l’élimine pas comme cela de la télévision. Et elle eut ce coup de génie dont seuls de grands esprits sont pourvus. Elle écrivit trois belles lignes sur le manuscrit de son beau père. Et cela devint un livre publié dans une maison honorable. Valérie était devenue un écrivain demandé sur tous les plateaux de télévision. Son livre dont elle est le coauteur porte le joli titre de « La rose de Stalingrad ». Il raconte l’histoire d’une héroïne de la propagande russe pendant le siège de Stalingrad. Tous les ingrédients du Best Seller sont étalés comme au bon temps de Y a pas photo !. De l’amour, du courage, des beaux sentiments. Tout pour faire pleurer la ménagère de moins de cinquante qui a boudé sa dernière émission.

Il faut la voir sourire lorsque le présentateur qui lui fait face lui demande si elle reviendra dans une émission à la rentrée prochaine. On sent qu’elle prend sa revanche. Elle n’imaginait pas, notre belle Valérie, que toutes les chaînes de télévision se mettraient à ses pieds pour lui prier de dire quelques mots du livre de son beau père !

Il parait plusieurs milliers de romans par an dans l’édition française. Les critiques n’arrivent plus à suivre le rythme. Alors, pour faire simple, à la télévision française, on tourne les caméras vers une animatrice déchue qui a griffonné trois mots dans un livre. Espérons que cela relancera suffisamment sa célébrité pour une prochaine participation dans la Ferme 3.