Chère lune,

En t'observant ce soir au travers de ma lorgnette, je voudrais te demander une faveur:
Accueille-moi sur un de tes cratères dont j'aperçois le teint ocre briller.




Laisse venir les effluves de ma pauvre humeur.

Car ici-bas, quand je tourne le bouton pour ouvrir le champ médiatique, je suis martyrisé.

Moi, l'athée pratiquant, convaincu que mes ancêtres étaient des singes, je dois supporter le chagrin des hypocrites après le décès d'un vieillard souffreteux.

Je ne le connaissais ni d'Eve ni d'Adam. Je n'ai jamais aperçu son ombre sur mon chemin. Il ne ressemble même pas à mon grand-père. Je sais juste de lui qu'il fut à cheval sur son époque pour le meilleur et pour le pire.

Moi, citoyen sans fortune, payant sans broncher mes impôts, je dois me tordre de douleur pour un second vieillard passer à trépas dans la foulée du premier. Il paraît que celui-là accueillait dans sa demeure les Crésus et les bandits manchots.

Ils me prennent vraiment pour un chameau ces paparazzi de l'information.
Un riche monte directement au paradis avec tout ce tintamarre.
Les pauvres n'ont que leur imagination pour se faufiler dans le chas d'une aiguille.


Moi, républicain ordinaire, qui accomplit son devoir d’électeur avec palpitation, je devrais frétiller pour le mariage d'un prince laid et anglais? Et pourquoi pas envoyer un chèque pour participer aux frais dispendieux de l’événement?

Au-secours, dame lune, montre moi la voie lactée, un trou noir ou bien un météor prenant le cap de notre planète bleue. C'est le moment de venir nous percuter car les observatoires sont tous pointés vers le balcon de Buckingham Palace pour apercevoir une fade mariée.

En direction de ton horizon, je ne vois ni pape, ni milliardaire, ni prince. Tu es là toute nue pour moi, rien que pour moi.

Mon idole d’un soir, je t’ai choisie.
Et en plus, tu es immortelle.