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La solitude du con voyeur au fond
Je suis dans la salle des coffres d'une banque, quelque part à Rambouillet. Je m'occupe des distributeurs de billets. Comme il faut bien gagner sa vie, alors, j'enfile, en respectant l'ordre, un certain nombre de disquettes dans le lecteur de l'automate. Je lis les instructions sur l'écran monochrome à ma disposition sans me poser de question. Pour être sûr de ne pas me tromper j'envoie des œillades vers le cahier à spirales que l'on m'a confié. C'est la procédure, écrite par un spécialiste, que je dois suivre à la virgule près. Si je rate une ligne, c'est la catastrophe. A la fin de mon exécution, plus aucun billet ne peut sortir de l'appareil. Les quidams, avec leur carte bleue de l'autre coté du mur, risquent de crier au scandale au responsable de l'agence, et ce n'est pas bon pour la consommation, donc pour la croissance, donc pour la cote de popularité du premier ministre. C'est une véritable responsabilité qui pèse sur mes frêles épaules. Chaque machine peut contenir jusqu'à 150 000 euros. A dépenser le jour même pour un DVD ou une boîte de Tamiflu.

Je ne peux, bien sûr, rien palper. D'ailleurs, une mitraille de caméras me surveille en permanence. Pour soulever un caisson à billets, j'en appelle les services d'une jolie employée fraîchement sortie de l'école. Le seul intérêt de cette courte mission. L 'envers du décor d'un distributeur de billets, c'est une jouvencelle seule dans une salle protégée par un sas et attendant le prince charmant. Existe t-il un meilleur décor pour lier connaissance ? Pendant qu'elle compte et recompte les chèques qu'elle vient de ramasser du robot d'à côté, je m'essaie à une petite drague d'occasion. Idée de reprendre du service. Pour voir si je n'ai pas perdu la main. On ne sait jamais. Cela pourrait me resservir, quand ma femme m'aura quitté. Et puis ça ne fait de mal à personne. Surtout pas à mes cheveux épars s'écrasant sur mon ventre bombé. Pour m'aguicher, la jeunette est au téléphone avec son copain qui l'invite au restaurant ce soir. J'ai remarqué qu'à Rambouillet il y a tout un choix de restaurants gastronomiques. Et un parc, aussi. Et un château de la Renaissance conservé aussi bien que les chapeaux de Bernadette après 40 ans de frais de bouche.

Je l'inviterais bien, ma nouvelle copine, à faire un tour au bord du lac en croquant un sandwich. D'autant plus qu'il fait soleil, et que c'est propice au romantisme. Mais elle vient de déguerpir avec son sac de chèques. Je suis désormais seul au milieu des coffres, et sans clef pour les ouvrir. Je pointe un nez vers la caméra en espérant être observé. Cela peut l'inciter à revenir. J'ai besoin d'elle pour déclencher la temporisation du coffre de mon guichet. Parmi tous les allers et venus de disquettes, il faut que je secoue une caisse à billets. Je dois patienter 30 minutes à chaque fois avant d'obtenir le privilège de son ouverture. Une alarme se déclenche. Il reste une minute pour donner un coup de clef et faire la combinaison secrète. C'est la règle de base dans les banques. Un gangster est averti qu'un coffre ne s'ouvre plus comme dans les films, même avec la meilleure complicité du monde. Il vaut mieux espérer être la femme du président de la République pour vivre avec plein d'oseilles.

Ma princesse n'est toujours pas revenue me voir. Je l'appelle pourtant avec insistance à son poste téléphonique, elle doit être occupée avec un client qui a une somme d'argent importante à lui remettre. Il doit en profiter pour tailler la bavette. Il aimerait bien l'inviter à boire un verre chez lui. Elle le trouve intéressant depuis qu'elle connaît le montant de ses économies.

Cela fait une heure que je m'impatiente dans mon coin. Coupé du monde dans une salle où s'encaissent plusieurs tirelires de footballeur. Je n'ai jamais été aussi proche de la richesse. Mon amourette est toujours injoignable. Encore une qui ne goûtera pas à la pointe de mon désir. Je voudrais tout abandonner avec une liasse de billets de 50 euros sous les bras. Il y a d'autres donzelles à Rambouillet. Je les aperçois passer à travers la fente à carte bleue donnant sur l'extérieur. Si elles savaient qu'un cœur riche, à quelques coudées de leur slip à fleurs, les observe, elles se précipiteraient au comptoir de la banque pour me réclamer.
Ecrit par Raskolnikov, le Jeudi 20 Octobre 2005, 22:54 dans la rubrique "Vie professionnelle".


Commentaires :

  jessicaH
jessicaH
21-10-05
à 01:53

wouaaaa

C'est toujours un plaisir aussi delectable que de lire tes écrits.
Quelle plume mon ami, votre panache se deploie au recoin de chaque virgule!
un mot.
Bravo!

  Raskolnikov
Raskolnikov
21-10-05
à 08:15

Re: wouaaaa

Merci Jessica pour ces gentils commentaires. C'est un plaisir aussi te parcourir ton blog.

  alberto
alberto
21-10-05
à 12:44

Houellebecq... que je n'ai jamais lu (j'ai pas de librairie french dans ma petite ville et la grande ville est trop loin)... ne doit pas être meilleur !

  Thierry
21-10-05
à 13:09

La plume dans la p'tite culotte à Fleur...;

...Ah ah ah ! Ton titre est résolument drôle... Tout n'est pas gaie, doux amer et tellement vrai...

  Raskolnikov
Raskolnikov
21-10-05
à 22:03

Re:

Attention quand même Alberto! Houellebecq est un écrivain, avec une oeuvre qui fera date, alors que moi je suis un rigolo!

  Raskolnikov
Raskolnikov
21-10-05
à 22:04

Re: La plume dans la p'tite culotte à Fleur...;

C'est ce qu'on appelle le sens tragique. Je vais bientôt en parler dans ce blog.

  alberto
alberto
21-10-05
à 22:30

Re: Re:

Raskolnikov, pourquoi toujours ce complexe d'infériorité ?
Est-ce-que ton père ou ta mère te disaient que tu étais "un rigolo" quand tu étais petit ?
Pardon pour cette remarque. Je crois sincèrement, comme beaucoup d'autres, que tu vaux plus que tu ne le penses ! Etre édité n'est pas forcément le critère de réussite !