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Le garde-chiourme
Il y a encore quelques semaines, c’était de gaieté de cœur que je trinquais mon café expresso lyophilisé contre le sien. Nous partagions avec le même aplomb un sentiment de révolte contre les puissants qui nous dirigent, qu’ils soient PDG fumeur de Havane, ou président de la République en voyage d’affaires au Japon.

Il se disait prêt à devenir notre porte-parole dans les couloirs de ma SSII pour faire suivre notre amertume dans le cœur asséché de nos commerciaux.
Je lui tapai l’épaule pour l’encourager.

Et puis, il obtint miraculeusement une promotion. Il fut nommé premier garde-chiourme.

La dernière fois que le garde-chiourme était en vogue dans notre beau pays c’était pendant les noires années de l’Occupation. Le garde-chiourme fut réquisitionné par le gouvernement de Vichy pour aider son allié occupant à maintenir l’ordre public. Car la grande qualité du garde-chiourme, c’est l’obéissance.

Il obéit les yeux fermés aux ordres qu’on lui donne sans se poser la moindre question. Ainsi, il participa aux rafles des populations juives. Il les poussa dans des wagons à bestiaux pour un long voyage en direction du Rhin. Parfois, il les accompagnais jusqu’aux camps de la mort. Il trouvait là-bas une nouvelle façon de se mettre à l’honneur en obéissant sans restrictions aux ordres les plus abominables.

A la Libération, certains furent rattrapés par l’Histoire. On en zigouilla un grand nombre en guise d’exutoire après la découverte de tous les crimes des Nazis.

Mais le garde-chiourme, comme la mauvaise herbe, finit toujours par poindre le nez quand l’atmosphère devient nauséabonde.

Dans l’entreprise d’aujourd’hui, il retrouve de la dignité. Il sort du rang pour aider la direction à se débarrasser des salariés récalcitrants.

Ainsi, depuis quelques semaines, un collègue que je considérais comme un ami, a pris place devant le PC le plus performant de l’open space. Il arrive à 09h00 tous les jours et ouvre le fichier Excel qu’on lui a demandé d’ouvrir. Il va pointer dessus les horaires des intercontratistes au fur et à mesure de leur arrivée. Il observe le moindre de leurs faits et gestes afin de donner de la substance à sa hiérarchie pour préparer la purge à venir.

Quand les premières lettres de licenciement vont fuser, neuf par neuf pour éviter un plan social, c’est la DRH qui viendra tapoter sur l’épaule de notre garde-chiourme.

Jusqu’au moment où il n’aura plus personne à surveiller. Alors, son tour viendra de monter dans la charrette en direction de l’ANPE.
Ecrit par Raskolnikov, le Samedi 2 Avril 2005, 12:15 dans la rubrique "Vie professionnelle".


Commentaires :

  Kyrene
Kyrene
02-04-05
à 12:47

un jour, quelqu'un que je pensais compréhensif et consciencieux dans son travail, a eu une promotion. directeur d'une banque X (avant il était en dessous). et quand l'ancien directeur a été muté, et qu'il a pu prendre sa place, il a pris, comment dire, la grosse tête. on va dire ça comme ça pour être polie...

c'est fou comme les gens changent quand il est question de promotion, quelle qu'elle soit.

c'est fou comme les gens, qu'on pensait être des amis comme dans ton cas, changent de position quand il s'agit d'argent et de travail.

quelle a été son excuse d'accepter le poste? les temps sont difficiles, tu es bien placé pour le savoir, etc, etc, j'ai une famille à nourrir, etc, etc, tu comprends, etc, etc.

c'est fou comme le contexte économique, la montée et la peur du chômage, et tout ce qui va avec malheureusement, transforme les gens, dans le sens négatif.

au lieu de s'entraider face à un contexte de crise, ou difficile, les gens ne pensent qu'à sauver leur peau. et oublier qu'ils aimeraient bien, quand ils seront dans la merde, qu'on les aide.

les gens veulent toujours être aidés, mais aider seulement quand ça les arrange. c'est pas comme ça que le monde va se remettre sur pied.