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Le maître, l’apôtre et l’ange
Nous nous sommes enfin décidés, ma femme et moi, à aller voir le dernier film de Clint Eastwood, Million Dollar Baby.

Cela faisait plusieurs fois que nous remettions notre envie de cinéma à plus tard. A chaque fois, nous nous laissions déborder pour une invitation de dernière minute ou un repas de famille improvisé. Il fallut un hasard dans le calendrier pour nous offrir un week-end prolongé. Nous avons sauté sur l’occasion en nous rendant dans le complexe flambant neuf d’un nouveau centre commercial dans le Sud Ouest de la région parisienne.

Au moment de passer à la caisse, je précisai à la charmante hôtesse que c’est en V.O que nous souhaitions voir le film. Elle me répondit avec surprise :
"Tous les films sont projetés en V.O dans ce cinéma !"
C’est un grand changement de mentalité chez les distributeurs. La V.O, jusqu’à présent, était plutôt privilégiée dans les beaux quartiers de Paris. Cela signifie t-il que les partisans de la version originale supplantent les inconditionnels du doublage ? Ou cherche t-on à décourager les jeunes qui kiffent en casquette ?

Nous sommes, en effet, des amateurs de la V.O. Non pas pour faire le malin devant nos amis en se vantant d’apprécier les films étrangers dans leur langue d’origine, mais parce que nous essayons d’être plus cinéphiles que consommateurs. Entendre la voix de Clint résonnée dans la salle est plus pathétique que le timbre d’un acteur anonyme. Il m’arrive parfois d’avoir un débat contradictoire avec les indécrottables du doublage lesquels préfèrent mettre toute leur attention sur la totalité de l’écran qu’en perdre à essayer de lire des sous-titres. J’ai beau leur expliqué que l’atmosphère d’un film est modifiée quand la bande son originale est malaxée, ils restent campés dans leur position en laissant échapper des humeurs d’irritabilité.

La trame de Million Dollar Baby ressemble à quelque chose que l’on a déjà vu. Un maître sur le déclin porte enfuies dans son cœur des blessures du passé. Il semble sur le point de renoncer à son art, malgré le soutien d’un fidèle serviteur, un vieux noir infirme et dévoué. Quand tout d’un coup, surgit de nulle part un ange. Le maître esquive tout d’abord et finalement se laisse conquérir par la fraîcheur de l’ange.

L’art exercé par le maître est la boxe.L'apôtre est le récitant. L’ange est une jeune femme qui va devenir une championne sous la houlette de son "boss". La dernière partie du film aurait pu être écrite par la mère de Vincent Humbert. Mais n’en disons pas plus pour ceux qui n’ont pas encore été voir le film.

Il y a des films dits "éjaculatoires" où le spectateur vit de véritables orgasmes dans son siège tant les péripéties du héros sont haletantes. Quand il retrouve l’air libre, il est comme sonné et son taux de testostérone retombe progressivement.

Et il y a des films où le spectateur souffre d’empathie pour les personnages auxquels ils s’identifient. Ils ne sautent pas dans son siège, se fait plutôt discret pour que ses voisins ne remarquent pas les quelques larmes qui glissent de ses yeux.

Million Dollar Baby appartient à cette deuxième catégorie. Malgré le vent patagonien qui soufflait hier dans les Yvelines, ma femme et moi, nous nous tenions la main avec émotion en quitant le cinéma. Nous nous sentions plus humains.

Nous étions habités par la beauté des trois personnages principaux. Frankie Dunn, tout en pudeur, le maître Clint Eastwood dont le charisme est inaltérable, la mélancolie bienveillante de l’apôtre sous les traits de Morgan Freeman, et la vitalité débordante d’Hilary Swank dont le naturel est digne d’une Jodie Foster.

Ecrit par Raskolnikov, le Samedi 7 Mai 2005, 11:40 dans la rubrique "Cinéma".