C’est ainsi que quelques spécialistes de l’Europe nomment en catimini l’Angleterre : le passager clandestin. La perfide Albion fait partie de l’Europe, avec les avantages et sans les inconvénients. Elle profite de l’aventure européenne sans réellement payer son billet. Elle bat toujours monnaie tout en étant la mieux représentée au sein de la banque centrale européenne. Mieux, elle a aujourd’hui pris le pouvoir d’un point de vue conceptuel, politique et administratif dans la communauté européenne

Par quel tour de passe-passe son PIB est aujourd’hui 10% supérieur au nôtre alors qu’en 1973, année de son entrée dans le marché commun, son PIB avait un handicap de 25% ? Que s’est-il produit entre les années de fer de Mme Thatcher et les années de séduction de Tony Blair ?

Les sujets de sa Gracieuse Majesté viennent d’aligner cinquante trimestres consécutifs de croissance. Le taux de chômage est de 4,7% correspondant à une situation de quasi-plein-emploi. En terme de respect des directives de Bruxelles, elle occupe une bonne deuxième place tandis que nous traînons des pieds à l’avant dernière avec une croissance faible et un chômage très élevé.

C’est certainement parmi les pays les plus développés celui qui tire le mieux son épingle du jeu de la mondialisation et de l’élargissement de l’Europe. C’est le premier pays industriel qui a programmé le remplacement de son industrie par les services. Il a systématiquement un coup d’avance sur tout le monde quand un traité est signé. Il paraît que la France dans dix ans pourrait ressembler à l’Angleterre d’aujourd’hui.

L’écart de revenu entre l’Upper class et la société décrite par Ken Loach n’a jamais été aussi important. Dans les stades de foot, on trouve désormais dans les travées des supporters ayant des revenus confortables plutôt que des ouvriers traîne-misère. L’immigré, lui, va arriver à s’intégrer en trouvant un petit boulot grâce à sa communauté.

La grande force de l’économie britannique c’est la flexibilité de l’emploi et les salaires versés hebdomadairement. Les entreprises peuvent dégraisser sans aucune contrainte et réembaucher aussitôt en fonction de leur besoin. Même le fonctionnaire ne dispose pas de garantie de l’emploi. Tout encourage l’actif a joué le jeu, car quelque soit son dernier salaire, au chômage, il ne touchera que 346 euros. Et s’il refuse l’emploi que le Job Center lui propose, même s’il ne correspond pas à son profil, c’est la fin des aides

La consommation explose avec l’accroissement des revenus et tout le monde a le moral. Londres est redevenue le pôle culturel de l’Europe. Toutes les sommités y ont leur pied à terre. C’est désormais la capitale la plus chère de la planète devant New York et Hong Kong. L’exemple le plus frappant est la télévision. La France de Chirac c’est TF1, et celle de Tony Blair la BBC. Les programmes du réseau anglais s’exportent partout à l’étranger. Chez nous, on s’ennuie ferme devant notre petit écran avec la trouille du chômage en plus.

Je ne vais pas m'étaler sur la langue de bois de nos hommes politiques incapables de tenir un discours cohérent pour réformer notre économie.

Et si finalement le France ne serait pas plus conservatrice que l’Angleterre ?