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Lettre ouverte à Jérome Garcin, producteur et animateur du Masque et la Plume
Chaque semaine, je me régale dans les transports en commun, avec l’aide de mon lecteur Mp3, en écoutant votre célèbre émission radiophonique.
Assis ou debout, les écouteurs bien en place sur les oreilles, toute ma concentration se tourne pendant presque une heure vers les commentaires fulgurants des critiques que vous avez réunis. Le contrôleur peut bien me réclamer mon titre de transport, je suis présent dans le studio 105 de la Maison de la Radio avec le différé que la technique permet. Pour chaque voix qui s’exprime, surtout si elle est doucement féminine, j’aperçois un visage, une silhouette, un tempérament. Je me laisse déporter dans une autre dimension tout en ayant le réflexe de sortir ma carte orange.

J’aime votre émission parce que vos intervenants, à la différence du pauvre citoyen que je suis, peuvent prendre le temps gratuitement de décortiquer un film, un livre, une pièce de théâtre. Ils ont le pouvoir de nous donner l’envie de courir dans une salle de cinéma, une librairie ou sur les grands boulevards avec notre porte-monnaie grand ouvert. Chacun, armé de sa culture et sensibilité, expose en contradiction avec l’autre son opinion. Et j’y vois plus clair sans me laisser bercer par des intérêts de marketing.

Cette semaine, je viens de faire une nouvelle expérience en vous écoutant : Vous devancer dans la programmation. Lire un livre avant qu’il ne soit proposé à vos critiques. J’ai lu, il y a quelques semaines, le livre de Michel Onfray : Traité d’athéologie.

Je dois vous confesser que cela ne risque pas de se produire de si tôt, car je le confesse honteusement, la vie moderne dans laquelle je survis ne me permet que de lire une dizaine de livres par an, malgré toute mon attention pour le genre littéraire.

En me tenant bien droit contre la rampe, pour éviter de glisser dans les tournants, dans le train en direction de mon HLM, après la découverte du sommaire de votre émission du 15 mai, je n’avais qu’une hâte : mettre en accélérer l’enregistrement afin d’entendre les commentaires sur ce livre de votre équipe.

Tout d’un coup, dans la foule des voyageurs somnolant, je poussai un cri. J’étais le témoin auditif, avec la plus grande des impuissances, à un lynchage médiatique. Le livre, dont la lecture m’avait passionné un mois plut tôt dans ce même train, était démoli.

Que s’est-il passé dans la tête de vos critiques dont j’ai tant apprécié le démontage du phénomène Dan Brown lors d’une précédente émission ? Pourquoi leur avoir imposé la lecture de cet essai philosophique engagé entre deux romans à la mode et une biographie originale ? Est-ce son succès en librairie qui a motivé cette percussion ?

Le livre de Michel Onfray se lit en toute quiétude. Il est écrit avec conviction et dans un style à la portée du grand public, contrairement à d’autres ouvrages qui se donnent la même ambition. Il dénonce les pulsions de mort de la religion dans l’histoire de l’humanité. Un sujet, au combien d’actualité, dans une époque où la mort d’un pape apparaît plus importante que la guerre au moyen Orient.

J’aurais aimé que vos critiques se penchent également sur le dernier livre de BHL ou Finkielkraut. Auraient-ils porté aux nues le talent littéraire de ces philosophes de télévision ?



En arrivant à destination dans ma banlieue profonde tandis que résonnaient les dernières notes de Romances sans paroles, je ressentais comme un malaise. Je ne m’étais jamais aussi senti en appartenance avec la France d’en bas, sous la domination d’une France d’en haut parisienne prompte à nous faire la leçon.

Dans le débat qui secoue actuellement le référendum, nous retrouvons cette dichotomie, ces deux France qui s’opposent. L’une, souveraine, dominante, sûre d’elle et sans crainte sociale, et l’autre, caricaturée, baillonnée, précarisée, se demandant avec quelle sauce la mondialisation les avalera.

Michel Onfray est aujourd’hui l’un des rares intellectuels qui prend la parole pour refuser cette domination par une élite de lignée. Et vos critiques se sont sentis le droit de mettre en pièces son dernier livre particulièrement brillant.
Ecrit par Raskolnikov, le Samedi 21 Mai 2005, 11:50 dans la rubrique "Personnel".


Commentaires :

  ImpasseSud
ImpasseSud
21-05-05
à 16:50

Bel article!

Je ne connais que très peu Michel Onfray, mais je déteste l'arrogance de ceux qui croient détenir la "juste croyance", convaincus qu'eux seuls sont capables de penser, de comprendre, de discerner, de faire la différence, englués qu'ils sont dans leur suffisance ignorante et bornée.

  ImpasseSud
ImpasseSud
21-05-05
à 18:08

Re: Bel article!

Je trouve tout à coup que mon commentaire est un peu trop agressif. Si tu trouves que c'est le cas, efface-le, je trouverai cela normal.

  Raskolnikov
Raskolnikov
22-05-05
à 09:38

Re: Re: Bel article!

Merci pour tes commentaires.
Non, je ne les ai pas trouvé agressif. Au contraire, ils me permettent de rebondir. Je l'ai peut-être pas souligné dans mes précédents articles, mais Michel Onfray, si c'est lui que tu vises en premier lieu, commence toujours ses conférences en proposant au public sa réflexion au public averti qui vient l'écouter. Elle est le fruit de longues années de travail réalisées en dehors du cercle traditionnel des philosophes que l'on connaît. Et c'est certainement pourquoi il dérange. J'ai lu son Traité d'athéologie, et je me suis senti moins ignorant à la dernière page. C'est pour cela que j'ai voulu souligner le déphasage qui peut exister entre un citoyen ordinaire et une pleiade de critiques fréquentant le tout Paris.

Un autre mot, aussi pour mettre en avant ton dernier article, sur la Burqa Band dont je conseille la lecture à tous.

  ImpasseSud
ImpasseSud
23-05-05
à 10:15

Re: Re: Re: Bel article!

Ce n'était surtout pas Michel Onfray que je visais puisque j'avoue ne pas le connaître ou presque (il faudrait que je trouve le moyen de me procurer le livre dont tu parles), mais, tout comme toi, ces "critiques parisiens" qui se prennent pour des censeurs infaillibles, portant aux nues ou jetant au panier des oeuvres qu'ils n'ont peut-être même pas lues.

  Raskolnikov
Raskolnikov
23-06-05
à 10:35

Jérome Garcin a repris mes commentaires

Je remercie Jérome Garcin pour avoir citer dans l'émission le Masque et la Plume du 19 juin les commentaires en vert de cet article.

  ImpasseSud
ImpasseSud
24-06-05
à 14:32

Re: Jérome Garcin a repris mes commentaires

J'en suis fort contente pour toi. Comme quoi... il arrive donc qu'on nous écoute. Et pourtant il arrive que le désir de ne plus écouter pour pouvoir se taire soit si tentant...