Tous les médias sont dans leur starting-block. Tel un tsunami qui emporte tout sur son passage, ils sont prêts à nous faire vivre dans son intégralité le décès du 264ième pape.

J’ai une pensée pour vous, les idolâtres du pape, qui suivent ses pérégrinations depuis vingt-six ans. Comment allez-vous réagir à ce dramatique événement ? Car, malgré la force de vos prières, il va se produire inéluctablement.

Dans quelques minutes, quelques heures, quelques jours, les ténèbres vont s’abattre sur Rome.

J’aimerais tant vous consoler, chers idolâtres. Je n’aurais pas la force de vous prendre tous dans mes bras pour supporter les flots de vos larmes. Je peux juste vous raconter une petite histoire qui m’est arrivée quand j’étais enfant.

Elle s’appelait Médée. C’était un caniche nain adorable qui jouait avec moi quand je passais des vacances chez mes grands-parents. Un jour, le téléphone sonna. Ma mère qui avait pris le combiné s’effondra dans le canapé. Médée venait de se faire écraser par un camion.
Quelques semaines plus tard, quand je rejoignis mes grands-parents dans leur maison du Lubéron, je fis accueilli par des jappements de caniche nain.
Je m’écriai :
« Médée ! ». Mes grands-parents me reprirent tout de suite.
« Nous te présentons Médée bis ! »

Pour se consoler de la perte de leur petit chien, le jour-même de l’horrible accident, mes grands-parents avaient couru dans un chenil d’Aix-en-Provence. Ils avaient trouvé une femelle encore plus câline que Médée. En quelques jours, ils étaient consolés.

Chers idolâtres, quand le porte-parole du Vatican viendra sous les sunlights des télévisions pour annoncer solennellement l’ordre de Dieu de mettre fin aux souffrances du saint pape, réjouissez-vous !

Pendant neuf jours, vous aurez tout le loisir d’exprimer votre chagrin ! Vous pourrez vous arracher les cheveux, vous planter des clous dans les mains, passer des nuits entières à genoux sur une règle en bois.

Pendant ce temps-là, cent vingt cardinaux, dont sept français, vont recevoir une convocation pour se rendre au Vatican. En moins de quinze jours, ils vont se réunir dans la chapelle Sixtine. Pour être certain que les gâteux ne se perdent pas en route, sont éliminés les octogénaires.

A partir de ce cet instant, il faudra être très attentif. Vous devrez tous vous réunir place saint-Pierre pour guetter la cheminée extérieure. Après plusieurs jets de fumée noire, une fumée toute blanche va s’échapper. Et un miracle va se produire.

Une grande fenêtre va s’ouvrir et va apparaître…Jean-Paul III.
Un pape tout neuf, qui ne bave plus, qui ne tremble plus et qui s’exprime avec une ostensible voix. Il portera la tiare comme l’ancien, et certainement avec plus de classe.

J’ai hâte, chers idolâtres, de voir, à ce moment-là, vos visages s’illuminer. Une immense béatitude va venir secouer vos tripes. Vous hurlerez comme des fous pour affirmer votre bonheur.

Moralité : un pape, comme un caniche nain, c’est interchangeable !