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Mon weekend avec Méphisto
Ce n’est pas encore de l’amour. Je rassure mes amis qui penseraient que ma tête tourne dans le mauvais sens. Mais de l’abnégation sans prétention. Une opportunité pour mes bras ballants de trouver leur utilité après plusieurs mois d’inactivité.

En me promenant dans un couloir au siège de mon entreprise, j’entendis Méphisto au téléphone avec une petite voix mélancolique. En activant l’orifice de mes oreilles, je compris qu’un collègue venait de se désister pour raisons personnelles à une invitation pleine de labeur. Cela tombait mal car elle comptait sur lui pour ce week-end. Notre client à vocation culturelle a acheté nos services pour refaire le réseau de son magasin à Montpellier. Une équipe de sept personnes étaient indispensable pour mener à bien les travaux. Un de moins, et c’était la catastrophe.

Aussitôt que Méphisto raccrocha, je m’incrustai dans son bureau avec une haleine suave. Et prononça ses mots en toute sincérité.
«Je suis volontaire pour le remplacer.»



Samedi matin, aux aurores, je quittai ma femme et mon lit (surtout mon lit), pour aller courir en direction de la gare de Lyon grâce au transport en commun.
Je franchis le pont d’Austerlitz avec mon sac de voyage sous un crachin matinal. Je ne sais pas si c’était sous l’émotion de mon courage, mais un mal de ventre me secoua les tripes. Je dus courir aux toilettes publiques de la gare de Lyon et verser 50 centimes d’euros à la dame pipi pour avoir le droit de poser mon cul en sueur sur le bidet salutaire.

Je retrouvai deux collègues dans le compartiment du train, Samiche Depain, le surdoué en matériel informatique, et Dani, une technicienne épanouie dans le milieu masculin où elle gagne sa vie. Je posai les écouteurs de mon lecteur Mp3 au plus profond sur mes tympans et quittai ce monde pendant trois heure et demi. Au programme, le café Bazar de Mathieu Vidard, avec comme invité prestigieux, Michel Onfray. Grâce au talent d’orateur du créateur de l'université populaire de Caen, je deviens davantage athée, et je l’espère, plus philosophe.

«Faire de la philosophie est aussi un moyen de faire son analyse, sans être obligé de s'allonger sur un divan.»
Voilà ce que mon subconscient enregistra.

Puis, je passai plus d’une heure avec toute la bande du Fou du roi entourée ce jour-là de Marc Jolivet. Manque de chance, l’émission fut coupée presque en son milieu, par le président de la république. Son éminence eut la mauvaise idée de sortir de son hôpital pendant le direct de l’émission. Une autorité non identifiée décida d’interrompre les programmes pour faire écouter aux auditeurs son premier discours de convalescent. Les propos, à la limite de la clarté, du chef d’état valait-il qu’on coupe le bec à des saltimbanques en démonstration de talent?

Aussitôt le pied posé dans la capitale du Languedoc, mes collègues et moi, n’eûmes pas le temps d’entamer une visite touristique. Nous prîmes la direction de notre hôtel, puis, débarrassés de nos bagages, nous nous dirigeâmes vers notre lieu de pèlerinage professionnel. Nous en ressortîmes six heures plus tard avec le ventre creux.

A l’hôtel, une surprise incommensurable nous attendait. Elle dépassait toutes les dimensions imaginables par un cerveau humain : Méphisto, dans une tenue de soirée de saison nous accueillit sur le perron. Elle avait pris le train de 14h00 après une agréable grasse matinée. Elle était arrivée tranquillement à Montpellier alors que les premiers signes de faiblesse du jour clignaient dans le ciel encore bleue. Elle avait rejoint notre hôtel, pris sa douche et peut-être fait une petite sieste réparatrice pour récupérer du voyage. Elle avait hâte d’aller au restaurant en notre compagnie. Elle nous avoua avec son accent méditerranéen roulant les R :
«Cela me rappelle le Liban».

Effectivement, l’hôtel minable dans lequel nous avions pris notre gîte, se trouvait dans le vieux Montpellier, où la plupart des habitations sont en manque de ravalement.

Nous dûmes passés notre soirée en partageant sa table avec nos mauvaises odeurs sous les bras. Elle était venue nous rejoindre pour assister à nos ébats professionnels, ainsi que pour tenir la conversation à un représentant de notre client subrepticement de passage.

Le lendemain matin, à six heure trente pétantes, nous nous retrouvâmes pour le petit-déjeuner, c’est à dire un bol de café et deux croissants à partager pour sept. Toute l’équipe était au complet. Deux collègues marseillais ainsi qu’un breton parisien complétaient l’effectif. Nous devions démarrer les hostilités le plus tôt possible.

Quelques heures plus tard, dans la profondeur du grand magasin déserté, Dani et moi fûmes à la recherche de Méphisto. Elle était dans la salle de repos destinée aux vendeurs. Sa mine était déconfite, pâle, livide. Elle n’avait pourtant pas fait grand chose pour nous aider, à peine papoter avec le client, tout juste tirer sur un câble ou porter l’écran d’un ordinateur. Mais elle ne résistait plus à cet enchaînement de travail. Il lui manquait un peu de repos pour tenir une cadence rentable. Elle avait besoin de dormir en mettant aux oubliettes les tracasseries du boulot.

Sur le chemin de la gare pour le train du retour, c’est tout juste si nous ne lui portions pas ses affaires. Elle avait changé son habit du dimanche pour une tenue plus sobre, plus discrète. Elle réclamait d’urgence le siège du TGV pour s’assoupir jusqu’à Paris. Cela tombait bien, car par un hasard de l’informatique made in SNCF, j’étais le seul à posséder un billet de première classe.
Ecrit par Raskolnikov, le Jeudi 29 Septembre 2005, 11:43 dans la rubrique "Vie professionnelle".