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Un Erasme d'aujourd'hui
Pendant quelques jours, je me suis enfui loin de mon joueb. Je lui ai tourné le dos lâchement.

Tout a commencé le week-end dernier. Ma femme me quittait trois jours pour une rencontre professionnelle dans le bassin d’Arcachon. J’avais les mains libres pour tapoter des heures sur mon clavier afin de faire grossir le nombre de mes articles dans mon espace libre sur le web.
Je me voyais déjà recevoir en masse des messages d’admirateurs me réclamant une petite pause pour ma prose.

Après quelques lignes en haut de mon écran, je compris très vite que mon inspiration était tarie. Il fallait recharger les accus.

J’appelai alors mes vieux copains pour passer du temps d’allégresse dans mon appartement de banlieue. J’avais dans l’idée un remake de la Grande Bouffe, avec des créatures dociles dans mon lit et de la bonne nourriture plein la panse.

Nous passâmes une première soirée dans un restaurant avec l’espoir d’attraper quelques jolies serveuses dans notre filet de joyeux ventripotents ; nous repartîmes titubant à la recherche du chemin dormant. Nous nous délectâmes jusqu’à la dernière goutte d’un bon armagnac et nous nous effondrâmes à même le sol jusqu’au lendemain matin.

Nous remîmes les couverts tout le samedi avec le même entrain, mais cette fois-ci sans armagnac. La bouteille était abandonnée vide dans un coin du salon avec un petit peu de vomi autour du goulot.

L’Artiste nous régala d’une partie de nouille à la bolognaise. Il fit cuir avec une dextérité génétique les pattes dans un bain bouillant tandis que j’ouvrai une composition en sauce d’une grande marque de distribution.
Sous le coup de vingt-trois heures, alors que Guy Roux soulevait la coupe de France pour la dernière fois de sa vie, le plat triomphal se dressait sur la table autour de plusieurs grands crus. Je ne me rappelle plus à quelle heure, le plus lucide d’entre nous eut le courage d’éteindre la lumière.

Le lendemain, sur le coup de midi, je chassai mes compagnons de ripaille, non pas pour respecter l’œuvre du Seigneur sous la coupelle de Benoît XVI, mais pour avoir le temps de passer le ballet un peu partout et descendre les poubelles à l’odeur suspecte. Tel un Risky business attardé, je profitai de la dernière seconde pour remettre à sa place le canapé lorsque ma femme arriva bronzée et souriante. Elle me félicita pour avoir si bien tenu la maison en son absence.

Alors un instant, un instant seulement, comme dirait le grand Jacques, j’étais Erasme. Le philosophe qui célèbre la folie, celle qui permet de prolonger l’enfance, de retarder un petit peu la vieillesse, dont les repères se trouvent dans une amitié inoxydable. Je n’avais pas écrit une ligne anonymement, mais vécu trois jours durant comme un poète perdu en Ardèche. Loin des tumultes du quotidien, en compagnie de mes vieux copains errants, j’avais pris du temps plein de certitude pour nourrir ma mémoire de souvenirs oubliables.
Je n’avais aucune honte de cette espèce d’hédonisme accompli derrière le dos de mon épouse.

Je mis plusieurs jours à m’en remettre. J’eus mal à la tête jusqu'à mercredi. Mon foie reprit une activité normale dans la douleur. Je reviens à la réalité au fur et à mesure. A l'approche d'un nouveau week-end, je suis à nouveau Raskolnikov.
Ecrit par Raskolnikov, le Vendredi 10 Juin 2005, 17:47 dans la rubrique "Personnel".