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Un soir de Noêl, rue de la Gaieté
Ma nuit de Noël se déroule, cette année, dans la rue de la Gaieté, à Paris. En compagnie de ma mère, nous nous sommes donnés rendez-vous dans une salle de théâtre de prestige. La rue de la Gaieté est une petite rue près de Montparnasse aux caractéristiques très réglementées. On y trouve soit un théâtre, soit un restaurant japonais, soit un sex-shop. Le parisien, après son spectacle a tout loisir d’aller déguster une paire de sushis et finir avec un bon DVD d’éjaculations faciales, sous les aisselles, discrètement. Il peut passer en toute liberté, des joies de l’esprit, à celles du ventre, et enfin du bas-ventre, mais seul dans une cabine, ou dans son appartement. Même le soir de Noël, les anges ont un sexe.

Comme nous sommes en avance, nous faisons un petit tour dans ce quartier très parisien. Et quelques pas plus tard, nous nous retrouvons nez à nez avec la troupe qui dans quelques minutes va nous faire sa représentation. Je reconnais son acteur principal, arborant une casquette prolétarienne. A 76 ans, il a encore belle allure. Je découvre, ébouriffés, ses cheveux gris dévalant ses tempes. Sa douce voix reste en sourdine. Je me heurte avec le regard très cavalier d'une actrice. Une femme d’âge mur dont la silhouette est encore séduisante. Nous passons notre chemin, éblouis.



Dans le théâtre, nous occupons le troisième rang, à quelques coudées de la scène, dans cette petite salle de spectacle où prennent place des spectateurs sages et endimanchés. La moyenne d’âge dépasse aisément la cinquantaine. Beaucoup de vieilles peaux usées, mais saupoudrées d’anti-cernes. Des couples aussi, qui ne veulent pas manger leur saumon fumé devant la télé du prime time. Mais durant la messe de minuit, quand le nouveau pape lèvera son regard en direction des caméras pour jurer en finir avec le spectre de la misère.

Tout d’un coup, un coup de sonnette nous met sur nos gardes. Il faut arrêter de papoter ou de lire le programme vendu 13€ par une charmante ouvreuse. Le rideau rouge se lève, et des images en noir et blanc défilent sur un grand écran improvisé. Je les regarde comme un plan d’Orson Welles. Dans des yeux minuscules qui contemplent un géant. On y aperçoit, presque subliminalement, des visages d’enfants heureux. De l’eau où ils barbotent nus. Une musique vivaldienne nous entraîne dans l’atmosphère. La scène nous apparaît enfin avec Claude Rich allongé sur une table. La femme mûre au visage coquin le rejoint.

Deux heures plus tard,le personnage principal, un philosophe, dont il s’agit de revivre la fin tragique, étrangle sa femme.
Une pièce tirée des confessions de Louis Althusser : L’avenir dure longtemps, à lire impérativement.
Elle l’a bien cherché, la bougresse. On ne titille pas indéfectiblement un homme de cette sensibilité-là sans châtiment. Elle l’aime, mais lui a décidé de s’en retourner dans son for intérieur. Là où personne ne peut venir lui casser les couilles. Alors, il tue le seul être qui peut encore le sauver de l’autodestruction.

Nous retrouvons la rue de la Gaieté, plus sombre et plus silencieuse que nous l’avons quittée. Les théâtres viennent d’éteindre leurs feux. On débarrasse les dernières tables nippones. Des visiteurs d’occasion passent leur visage à travers le portail opaque des boutiques à plaisirs. Des mendiants osent encore tendre leur sébile. Nous apercevons un homme seul, avec un bagage à ses pieds. Il a bu, car il jargonne sans compréhension. On dirait qu’il est descendu d’un train ce soir, à Paris. Il n’a nul sapin où se terrer. Que la solitude du froid.
Ecrit par Raskolnikov, le Mardi 27 Décembre 2005, 11:40 dans la rubrique "Vagabondages".


Commentaires :

  Thierry
27-12-05
à 22:47

Il Theatro...

Le théatre : Mes plus beaux souvenir de sensations aux spectacles...
... Noyeux Joël !

  Thierry
29-12-05
à 08:10

Jumeau

En passant, sache que tu as un jumeau à cette adresse :

http://raskolnikov.tooblog.fr ...

interessant ! Je l'ai trouvé chez :

http://boboparisienne.hautetfort.com

...

  ImpasseSud
ImpasseSud
29-12-05
à 11:28

Claude Rich! Pourquoi ai-je toujours eu un faible pour cet acteur ?!
Ce billet serait très russe si, fort heureusement, il n'était pas enveloppé dans un délicieux badinage.


  raskolnikov, enfin un autre
13-01-06
à 17:39

Bonjour,
on a choisi le même pseudo.
Voilà, passionnant non?
Le hasard quand même...